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POLÉMIQUE AUTOUR DU SÉJOUR DE M. BOUTROS-GHALI AU CANADA

POLéMIQUE AUTOUR DU SéJOUR DE M. BOUTROS-GHALI AU CANADA

Mer 09 Sep 98 – 17h05 GMT

MONTREAL, 9 sept (AFP) – L’organisation du séjour du Secrétaire général du Conseil
permanent de la Francophonie, Boutros Boutros-Ghali, arrivé le 6 septembre au Canada, a
suscité une vive polémique entre les autorités fédérales et le Premier ministre du
Québec Lucien Bouchard, qui a décidé de ne pas rencontrer l’ancien secrétaire
général de l’ONU.

M. Boutros-Ghali effectue une visite d’une dizaine de jours au Canada en préparation
du sommet de la Francophonie, qui doit se tenir dans un an à Moncton (Nouveau-Brunswick).

Après s’être rendu dans cette province et à Peggy’s Cove (Nouvelle-Ecosse), pour se
recueillir sur les lieux de l’accident du vol 111 de la compagnie Swissair, M.
Boutros-Ghali est parti mardi à Toronto, d’où il devait poursuivre son voyage mercredi
à Montréal, Québec, Sudbury (Ontario) et Ottawa.

Les autorités fédérales ont décidé de prendre totalement en charge l’organisation
du voyage de M. Boutros-Ghali, et de le faire accompagner partout par des fonctionnaires
fédéraux, dont le représentant de M. Chrétien auprès de la Francophonie, Claude
Laverdure. Ils ont confié sa sécurité, y compris au Québec, à la Gendarmerie royale
du Canada (GRC), la police fédérale.

Le ministère des Affaires étrangères a tenu à se justifier dans un communiqué en
soulignant que "le gouvernement du Canada se doit, en vertu du droit canadien et du
droit international, d’assurer la sécurité et la protection des hauts dignitaires
étrangers qui séjournent au Canada".

Le Premier ministre Jean Chrétien a souligné devant la presse que s’"il y a une
règle qui s’applique pour le Premier ministre de la France", les responsables de la
Francophonie quant à eux "sont reçus exactement comme les chefs de gouvernement de
quelqu’autre pays que ce soit".

Le Premier ministre québécois Lucien Bouchard a vigoureusement protesté, et a
reproché aux autorités fédérales de vouloir "éroder" les pouvoirs de la
province et de contrevenir aux accords implicites qui laissent "les coudées
franches" au Québec quand il reçoit des responsables français ou de la
Francophonie.

M. Bouchard a cité à cet égard plusieurs précédents lors de visites de hauts
responsables de la Francophonie. Mais, pour Ottawa, aucun précédent ne vaut, le poste de
M. Boutros-Ghali ayant été créé en novembre dernier.

Bien qu’ayant lui-même invité M. Boutros-Ghali au Québec, lors du dernier sommet de
la Francophonie, à Hanoï, en novembre 1997, M. Bouchard a décidé de ne pas le
rencontrer lors de son séjour dans la province.

L’affaire, si elle semble futile, est lourde de symboles pour les Québécois, comme le
souligne le journal souverainiste le Devoir. Il remarque que si Québec laissait à Ottawa
le soin de prendre en charge M. Boutros-Ghali, il "donnerait le signal aux autres
pays membres de la Francophonie qu’il accepte d’une certaine façon une tutelle d’Ottawa
sur son propre territoire".

Le Québec, comme le Nouveau-Brunswick, seule province bilingue du Canada, bénéficie
du statut particulier de "gouvernement participant" à l’intérieur de la
Francophonie. Un statut qui leur donne voix égale à celles des autres pays membres, sauf
sur les questions politiques.

Au cours de son séjour au Nouveau-Brunswick, M. Boutros-Ghali avait vanté
"l’harmonieuse cohabitation culturelle" que la province avait su promouvoir.

©AFP 1998

© 1998 Agence France-Presse


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