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MAUVAISE QUALITÉ DU FRANÇAIS DES JEUNES

MAUVAISE QUALITé DU FRANçAIS DES JEUNES

Les enseignants n’y sont pour rien, estiment les Québécois

éric Desrosiers

LE DEVOIR

Le mercredi 8 septembre 1999

Les jeunes Québécois francophones sont incapables d’écrire
correctement dans leur langue et se soucient peu de s’améliorer, estime une forte
majorité de leurs aînés. Cette faiblesse, selon ces derniers, ne serait toutefois pas
attribuable à leur professeurs du primaire ou du secondaire.

Une enquête téléphonique réalisée l’automne dernier par l’Office
de la langue française auprès de 1591 Québécois francophones (pour une marge d’erreur
de 2,5 %) révèle en effet que selon les trois quarts des répondants, les finissants du
secondaire seraient incapables d’écrire en bon français. Les deux tiers des personnes
interrogées estiment également que les jeunes en question ne semblent pas accorder
d’importance à l’amélioration de leur langue parlée.

Selon le même sondage, les enseignants québécois ne seraient
toutefois pas à blâmer. Bien que 84 % des répondants disent souhaiter qu’ils
améliorent leur français parlé, 83 % jugent en effet que ces enseignants maîtrisent
déjà bien ou très bien leur langue. De plus, selon 75 % des répondants, les
professeurs de français disposeraient de toute la compétence nécessaire pour
transmettre leur savoir à leurs élèves, un talent que 48 % reconnaissent aux
professeurs des autres disciplines.

Si les résultats de ce sondage sur la qualité de la langue des jeunes
font écho à une perception répandue de la réalité, la marque de confiance témoignée
à l’égard des enseignants contredit clairement cette perception, constate l’un des
auteurs de la recherche, Pierre Bouchard. Le Conseil de la langue française déplorait
par exemple cet été, dans un volumineux rapport, la «formation très déficiente de nos
maîtres en matière de langue». Comment la population explique-t-elle alors la mauvaise
qualité du français qu’elle dit observer chez sa jeunesse? Est-ce une question de
programme scolaire, d’outils de formation, ou de l’influence d’autres facteurs comme la
télévision? «Notre enquête ne permet pas de le déterminer,» reconnaît Pierre
Bouchard.

Parler comme…

Ce que son enquête révèle cependant, c’est que les Québécois
francophones et anglophones poursuivent le même modèle linguistique; c’est-à-dire le
français parlé par «les lecteurs de nouvelles de Radio-Canada». Les allophones, pour
leur part, aspirent plutôt à un français comme celui parlé par «les Français de
France». Cette différence s’explique, selon Pierre Bouchard, par le fait que plusieurs
allophones connaissent toujours moins bien le Québec que la France, contrairement aux
anglophones mieux intégrés à la réalité québécoise.

Cela ne va pas sans influencer la perception des deux groupes
minoritaires de la qualité de la langue parlée par la majorité francophone. Bien que le
groupe de 302 anglophones et celui de 336 allophones (pour une marge d’erreur de 5,8 %)
ont tout deux estimé dans une proportion de 68 % que les francophones nés au Québec
parlent bien ou très bien le français, 32 % des allophones ont jugé qu’ils le parlaient
mal, comparativement à 25 % des répondants anglophones.

©Le Devoir


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