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LES PÉRIPATÉTICIENS (SCÈNE II)

LES PéRIPATéTICIENS (SCèNE II)

Lettre ouverte à la ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française.

Mme Louise Beaudoin,
Ministre québécoise responsable de la Charte de la langue française,

Objet : échange de correspondances avec la Commission de protection de la langue française (référence initiale: « Les Péripatéticiens. Langue et commercialité »

Bonjour madame la ministre,

En lisant rapidement les courriers qui suivent, présentés chronologiquement, vous aurez l’occasion de saisir les doléances du soussigné citoyen. Aussi j’apprécierais, le cas échéant où vous estimeriez la chose pertinente, voire évidente, que vous interveniez au mieux de vos lumières ministérielles.

Merci,

Jean-Luc Gouin
Québec
8 déc.’00 (#3)
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7 déc.’00

> Bonjour,
>
> Objet : « Les Péripatéticiens. Langue et commercialité »
>
> Veuillez SVP considérer cette lettre ouverte comme plainte officielle
> déposée à vos services par le soussigné.
>
> Merci.
>
> Jean-Luc Gouin
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8 déc.’00 (#1)

> Monsieur,
>
> La Commission de protection de la langue française vous remercie de vos
> commentaires.
>
> Si vous voulez formuler une plainte relativement à des circulaires ou à de
> l’affichage concernant des établissements celle-ci doit être spécifique,
> c’est-à-dire que la Commission doit connaître l’adresse de l’établissement
> visé ainsi que la nature de l’infraction. Je vous souligne que l’affichage
> doit être prédominant en français mais qu’il n’exclut pas les autres
> langues.
>
> Les circulaires quant à eux peuvent être bilingues (art. 52).
>
> Je vous invite également à consulter notre site à l’adresse suivante:
> http://www.cplf.gouv.qc.ca/ pour obtenir des réponses que vous pourriez vous
> poser.
>
> Veuillez agréer, Monsieur, mes sincères salutations.
>
> Pour la présidente
>
> Mme Odette Lapalme
>
> Nathaly Lemire
> Commission de protection
> de la langue française

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8 déc.’00 (#2)

Mesdames Lapalme et Lemire,

Je vous remercie de votre courrier.

Hélas! votre lettre indique assez clairement que vous ne vous êtes pas donné la peine de lire attentivement la mienne en guise de plainte. Alors voici.

1) Compte tenu qu’il s’agit d’un reportage télévisé, il ne m’est pas possible bien assurément de vous transmettre les noms et/ou les coordonnées des personnes contrevenant ici, selon moi, à la loi.

2) La situation me semble suffisamment "patente" et inacceptable pour que vous puissiez en l’occasion communiquer avec la direction de l’émission, en l’occurrence Médias.

3) Ce qui m’amène à déplorer la réglementation générale de la Loi en la matière (et à laquelle, je le sais fort bien, se voit soumise la CPLF elle-même). Le français est chez nous constamment agressé, molesté , blessé et, pour ainsi le dire, "déshabillé" sur la place publique; nous assistons depuis d’innombrables pouvoirs, intérieurs et extérieurs, à une charge en règle tous azimuts contre le fait français ­ et ce par le truchement tantôt du plus banal détail, tantôt par le biais des plus lourdes et sournoises attaques. Tout ceci est profondément insidieux, rampant, tel un virus qui tue lentement et dont on ne s’occupe guère sous motif qu’il… est minuscule. Or le fardeau de la preuve revient toujours au simple citoyen (réduit ainsi au statut de citoyen-délateur???) qui doit constamment, encore et encore, reprendre le bâton du pèlerin. C’en est devenu infâme. à croire que la CPLF cherche par tous les moyens à décourager la lucidité critique citoyenne, et à intervenir le moins fréquemment possible sur le "terrain" ­ celui incidemment, je vous le rappelle, du seul état français des Amériques.

4) Illustration de cette attitude ­. Vous prenez la peine de m’«informer», et je cite, que: «l’affichage doit être prédominant en français mais qu’il n’exclut pas les autres langues.» Bien oui, chères demoiselles fonctionnaires. Sauf que le choses ne sont pas si simples. Encore faut-il savoir (mais le savez-vous, vous responsables de l’application de la Charte?) de quel type d’affichage il s’agit. Ce ne sont pas toutes les affiches, en effet, qui sont autorisées à "fréquenter" le bilinguisme, ainsi que je le rappelle dans ma lettre, et je cite:

La loi est pourtant d’ores et déjà très claire à cet égard. Sauf erreur du soussigné, le bilinguisme dans l’affichage commercial (d’ailleurs balisé) n’est autorisé que sur les lieux mêmes d’un établissement. C’est ce qui explique, par exemple, que les grands panneaux "plantés" partout dans le paysage urbain affichent chez nous en français, et en français seulement.

Aussi je ne vois pas très bien comment ces immenses bateaux publicitaires roulant sur nos routes (maîtres es arts de la pollution visuelle par surcroît) pourraient se voir exemptés de l’unilinguisme français, ainsi qu’il en a été prévu par ladite Charte.

Mesdames, des dizaines voire des centaines de milliers de téléspectateurs «ont vu l’invraisemblable» en regardant cette émission télévisée. Et vous, vous me demandez le nom et l’adresse de ces propriétaires de panneaux ambulants pour intervenir. On croit rêver. Il me semble entendre le personnage répondant au Petit Prince: «C’est la consigne…!»

Faut-il être mort pour justifier la nécessité du médicament propice à préserver vie…?

SVP, faites votre travail plutôt que de chercher à entraver celui du citoyen, préoccupé par la plaie ouverte d’une langue officielle en lutte sans merci contre son propre anéantissement quotidien.

Merci,

Jean-Luc Gouin
Québec

P.S. : Dans un tout autre ordre d’idées, qu’attend-on au sein de l’appareil gouvernemental, madame la ministre, pour libeller l’ensemble des adresses électroniques des ministères (et services connexes) de manière à respecter l’état qu’il représente? De fait, il n’est nullement nécessaire d’utiliser systématiquement les minuscules; et comme dans la rédaction habituelle on peut ­ lorsque séant, indiqué ou recommandé ­ insérer les Majuscules (en attendant les signes diacritiques hélas toujours en rade: problème technique aisément soluble du reste, si la communauté mondiale ne s’entêtait pas à couvrir et à conforter systématiquement, et ce jusqu’aux détails les plus ‘minuscules’, la dictature étatsunienne en la matière). Aussi il me semble qu’il serait non seulement approprié mais également normal que le fameux «qc» soit toujours orthographié: «Qc». Il en est de même des autres sections de l’adrélec. Ainsi la présente est-elle acheminée à: Deputee.Chambly@MRI.Gouv.Qc.ca et non à: deputee.chambly@mri.gouv.qc.ca .

Ce n’est pas à vous, femme d’intelligence et de culture (et de noble combat), que j’apprendrai que ces nuances de langage et d’expression ne sont pas anodines au sein d’une machine d’état. C’est la moindre des choses, en un mot, que le Québec soit traité comme un état, non comme un objet (et substantif) "commun" ­ tel un simple «état», voire carrément une "non-réalité" "(parce que "non-mot") comme: «etat»! A fortiori au coeur dudit état même. Toucher à la langue avec mépris et vulgarité, ou ne fût-ce qu’avec indifférence, constitue en quelque sorte une forme de viol ontologique. C’est blesser l’âme de ceux qui ont choisi d’en faire l’instrument de leurs pensées, de leurs émotions, de leur avenir. De leur destin enfin.

C.C. : (Commission de protection de la Langue française) Info@CPLF.gouv.Qc.ca + (Impératif français) Imperatif@imperatif-francais.org


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