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L’ENTENTE DE CALGARY

éditorial, Franc-Contact, décembre 1997

Il y eut une fois une commission royale d’enquête sur le
BILINGUISME et le BICULTURALISME au Canada

Par Roméo Paquette

Le Conseil de la vie française en Amérique (CVFA), a été un témoin
privilégié des luttes livrées par les communautés francophones, aussi bien aux
états-Unis qu’au Canada, depuis soixante ans. à la suite de la réunion des
premiers ministre provinciaux hors-Québec, à Calgary, il serait intéressant de faire le
bilan de ces luttes, et de se demander si ce dernier exercice n’occulte pas
définitivement la démarche amorcée par la Commission royale d’enquête sur le
bilinguisme et le biculturalisme
, il y a maintenant trente-cinq ans. Dans la
perspective d’unicité du Québec et de son égalité, par rapport aux
autres provinces, tout ce qui semble intéresser les neuf premiers ministres anglophones
c’est d’en finir avec leur seul protagoniste, le Québec. Pourtant,
l’histoire démontrera que l’enjeu fondamental, tel qu’exprimé dans le
mandat de la Commission royale, était le suivant: «recommander les mesures à
prendre pour que la Confédération canadienne se développe d’après le principe de
l’égalité entre les deux peuples fondateurs
». Cet enjeu, c’est un
gouvernement fédéral dominé par des Québécois, au tournant des années 1970, qui
l’a définitivement enterré. Obnubilés par des préjugés anti-nationalistes, ils
ont condamné la notion de peuples fondateurs, inventé le multiculturalisme et le
bilinguisme, comme si un pays pouvait se morceler à la fois en enclaves culturelles et
véhiculer deux langues sans en préciser les bases communautaires.

à Calgary, la notion d’égalité se référait aux provinces, les
unes par rapport aux autres. Et, il est à se demander si le caractère «unique» que
l’on reconnaîtrait au Québec ne serait pas qu’il faudra plus de temps avant
d’en faire une province comme les autres.

Je suis de ceux qui, personnellement, n’ont jamais cru à la
volonté d’aucune des provinces anglophones de reconnaître une spécificité ni aux
francophones hors-Québec ni même à ceux du Québec. Il y a déjà longtemps que les
observateurs les plus au fait de la scène canadienne ont vu la faille fondamentale la
seule notion de dualité nationale référence on a rejeté implicitement l’existence
d’une francophonie canadienne hors-Québec. On l’a tout simplement ignorée. En
effet, qu’est-ce qui rendrait le Québec unique sinon sa francité? Cela signifierait
donc qu’il s’agit là d’un phénomène exclusif au Québec?

Le CVFA

De plus, la reconnaissance du caractère unique du Québec,
serait conditionnée par le principe d’égalité de toutes les provinces.
Cette notion d’égalité, que signifie-t-elle? Certainement pas que ces provinces
accepteraient le type d’égalité de droits dont jouit la minorité de langue
officielle au Québec. Alors que cette dernière présume encore que l’égalité des
droits linguistiques signifie l’obtention de services en anglais à tous les
échelons, les francophones hors-Québec n’en demandent pas tant.

On est loin du mandat confié alors à la Commission royale
d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme
, au Canada, par le
gouvernement de Lester B. Pearson, en 1963.

Alors que la question posée, par un gouvernement dominé par l’élite
anglo-saxonne de souche, présumait déjà d’une solution axée sur la notion de deux
peuples fondateurs
, on peut constater, aujourd’hui, l’érosion graduelle et
accélérée de ce concept, à partir du moment où ce sont des Québécois qui dominent
la colline parlementaire à Ottawa, et que ce sont surtout des Québécois qui se
confrontent pour défendre les deux thèses opposées.


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