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LE RÉFLEXE DU COLONISÉ

Le ‘réflexe’ du colonisé

Louis-Paul Chénier
ray.boulet@sympatico.ca

Un réflexe est la réaction automatique et involontaire qui se
manifeste suite à une stimulation. Dans notre contexte politique, le ‘réflexe’ du
colonisé
est la réaction spontanée et inconsciente de certains Québécois ou
Québécoises vis-à-vis des anglophones pourtant minoritaires.

Quand cet état, maladif chez certains, se déclare-t-il? On affiche un
‘réflexe’ du colonisé quand implicitement on se place en situation inférieure
vis-à-vis d’un interlocuteur, ou quand, plus spécifiquement, on reconnaît que la langue
anglaise doit primer. Voici quelques exemples.

On manifeste le ‘réflexe’ du colonisé’

$ quand on s’adresse
spontanément à quelqu’un en disant *Salut,
Boss+, *Merci,
Boss+, (ou, ce qui n’est pas mieux, *Oui, Patron+).
On entend aussi parfois *Yes, Sir+. Cette façon de voir les autres comme des
supérieurs alors qu’ils n’en sont pas, n’a pas sa place;

$ quand la conversation se
fait en anglais dans un groupe composé majoritairement de francophones, ou quand elle
tourne à l’anglais à l’arrivée d’un anglophone;

$ quand on signifie son
approbation à quelqu’un de langue française par *Good,
good+ ou par *That’s
swell+;

$ quand ça nous paraît
mieux ou quand ça fait plus chic de parler de son *Chum+ plutôt que de son ami(e);

$ et quand on a plus de *fun+ que de
plaisir,Y c’est qu’on est malade.

Le ‘réflexe’ du colonisé se révèle aussi

$ quand on nomme son chien *Rex+, *Barnie+, *Charlie+Y
et quand on lui donne des commandements en anglais.

$ quand on donne à quelqu’un
ou quand on accepte pour soi un sobriquet plutôt que son prénom réel: ceci se voit
particulièrement chez les sportifs. Curieusement, les diminutifs qui en résultent sont
habituellement à consonance anglaise: *Bernie+ pour Bernard, *Dan+ pour Daniel, *Pete+ pour Pierre, *Mike+ pour Michel, etc. Ces sportifs ainsi diminués dans
leur nom sont-ils meilleurs pour cela? Non, mais ça fait plus *friendly+!;

$ quand on donne le signal de
départ d’une course en anglais: *One, two,
three, go!+. Ne peut-on pas courir en français?

$ quand on prononce certains
noms à l’anglaise. Pourquoi dire *Mégog+ ou encore *Memphrémégog+ quand ça s’écrit Magog et Memphrémagog?
Pourquoi Robert Bourassa prononçait-il Québec *Quouébec+, personne ne l’aurait compris autrement? Et pourquoi
traduire C même quand on s’adresse à des
anglophones C Three-Rivers quand on parle de
Trois-Rivières? Ce n’est pas leur rendre service parce que s’ils devaient chercher où se
situe cette ville trifluvienne, ils ne la trouveraient pas;

$ quand un technicien en
train d’installer un système de son dans une salle va au micro et lance: *Vérification: un, deux, trois+ et du même souffle ajoute *Check, one, two, three+! Si un espagnol devait parler au même micro
devrait-on faire préalablement un nouvel ajustement? Le ‘Réflexe’ du colonisé c’est:
si ça marche en anglais, c’est parfait;

$ quand une entreprise dont
le propriétaire francophone se donne une raison sociale du genre *Ste-Marie Auto Body+,
*Montréal Springs+, *Door
Docteur+ ou encore *Hobby Shack+
pour faire plus chic, pour montrer que non seulement on fait des d’affaires mais surtout
qu’on fait de la *business+! (en passant, Montréal s’écrit avec l’accent aigu,
même en anglais);

Dans la même veine on voit souvent des produits inventés ou
fabriqués au Québec auxquels on a donné une marque de commerce à consonance
anglo-saxonne. Les Français ont-ils hésité à appeler leurs champagnes ainsi? Ils
auraient pu penser à un nom plus commercial et les appeler des *campaigns+.
ça prit un sacré culot aux Mexicains pour nommer leurs *tacos+
ainsi! Pourquoi pas des tacs (tics au pluriel)?.

La fierté peut être personnelle, familiale, paroissiale. municipale,.
régionale ou s’étendre à tout un pays. Elle appartient à ceux qui se la méritent. Les
Québécoises et les Québécois sont ‘beaux’, sont ‘bons’, sont ‘fins’ et sont
‘capables’: pourquoi ne sont-ils pas plus fiers de ce qu’ils sont?

Nous sommes coupables de ne pas nous aimer, de manquer de confiance en
nous quand nous manifestons le ‘réflexe’ du colonisé. Ceux qui n’ont pas encore
compris continueront de dire: That’s all right, Let’s goY!

Allons Québécoises et Québécois, redressez la tête et soyez dignes
de ce que vous êtes.

Louis-Paul Chénier
ray.boulet@sympatico.ca


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