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LE PREMIER GÉNOCIDE MODERNE COMMIS PAR LES ANGLOS

LE PREMIER GéNOCIDE MODERNE COMMIS PAR LES ANGLOS

LA NOUVELLE ORLEANS (Etats-Unis), 15 fév (AFP) – Un avocat de Lafayette en Louisiane,
descendant direct d’Acadiens, se bat actuellement pour obtenir de la Grande-Bretagne des
excuses à son peuple expulsé en 1755 des terres canadiennes de Nouvelle Ecosse.

Warren Perrin a déposé dès 1990 une requête en ce sens auprès du gouvernement
britannique et de la couronne d’Angleterre. Il ne demande pas de dédommagement financier
mais souhaite simplement la reconnaissance de la tragédie du peuple acadien et
l’érection d’un monument symbolique en commémoration de ses souffrances.

Il est en négociation avec des avocats de Houston (Texas) représentant le gouvernement
britannique et envisage en cas d’échec de celles-ci de porter l’affaire devant la Cour
européenne des droits de l’Homme.

M. Perrin espère voir son voeu exaucé en 1999, date de deux rendez-vous francophones
importants: le congrès mondial des Acadiens – descendants des colons français installés
aux 17ème et 18ème siècles en Acadie, possession française du Canada-, prévu en août
en Louisiane, et le sommet de la francophonie au Nouveau Brunswick (Canada).

"L’attention du monde entier sera focalisée sur l’Amérique du Nord. Il serait
opportun que la Grande-Bretagne fasse ce geste", souligne-t-il.

L’avocat louisianais a fouillé les archives. Il sait que l’ordre d’exil n’a pas été
donné par le gouvernement britannique. Il estime cependant qu’il en est responsable par
délégation, conformément à la doctrine "respondeat superior".

Pour lui, l’argument selon lequel le gouvernement britannique ne serait pas responsable
d’une injustice commise il y a près de 250 ans ne tient pas la route : "la couronne
existe encore, c’est une entité réelle. Il n’y a pas prescription. En fait,
explique-t-il, je ne fais que reprendre le flambeau car le peuple acadien a présenté en
1763 cette même requête, restée sans réponse à ce jour. Aujourd’hui, nous voulons une
réponse".

Le bannissement des Acadiens s’est déroulé dans des conditions cruelles. Le traité
d’Utrecht de 1713 conclu à la suite de la conquête de l’Acadie par les Anglais leur
accordait le droit de jouir du libre exercice de leur religion et de choisir de rester
dans le pays en conservant leurs biens ou de le quitter en les emportant.

Cependant, des gouverneurs militaires zélés exigèrent d’eux qu’ils prêtent serment
d’allégeance inconditionnelle à la couronne. Le gouverneur Lawrence, qui convoitait les
riches terres des Acadiens pour les nouveaux colons, prétexta qu’ils représentaient une
menace pour les intérêts de la Grande-Bretagne en Amérique du Nord et complota pour les
exiler, rappelle M. Perrin.

En juillet 1755, commença "le Grand Dérangement". Huit mille Acadiens furent
arrêtés comme des criminels, entassés sans provisions dans des navires et expédiés
vers la Nouvelle Angleterre. La moitié périt en mer de maladies. Trois mille
s’installèrent en Louisiane.

"Notre peuple a été victime de deux tentatives de génocide culturel",
s’exclame M. Perrin, faisant référence au Grand Dérangement et aux tentatives
d’anglicisation forcée menées par les écoles américaines dans les années 1950.

Les Francofêtes qui, sur toute l’année 1999, marqueront le tricentenaire de la Louisiane
française, symbolisent "la survie de notre patrimoine francophone", ajoute M.
Perrin que sa notoriété soudaine a propulsé à la tête du Conseil pour le
développement du français en Louisiane (Codofil).

Il se sent conforté dans son combat par l’exemple des Etats-Unis qui ont présenté en
1988 des excuses aux Américains d’origine japonaise pour le traitement subi lors de la
Seconde guerre mondiale, voire celui de la Grande-Bretagne elle-même qui a en 1995, par
la voix de la reine, présenté des excuses au peuple Maori de Nouvelle-Zélande. "


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