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LE COMPROMIS-PROULX

LE COMPROMIS-PROULX

Hubert Laroque
Hull, Québec

Le Parti québécois a
profondément déçu. Le «compromis-Proulx» ne peut cacher sa
nature de défaite au point que les Libéraux eux-mêmes se sont
sentis honteux et n’ont pas voulu s’appesantir sur leur
<<victoire>>. Le racolage des électeurs anglos par
les libéraux a besoin pour excuse du repoussoir d’une forte
position québécoise. Or le Parti québécois s’est identifié
au Parti libéral, et le Parti libéral au Parti Egality laissant
une fois de plus, aux heures décisives, la longue revendication
du Québec sans défenseur, sans parti. De quelques expressions
ronflantes que l’on veuille colorer ce compromis, il n’a
échappé à personne que le Québec avait été trahi par ses
dirigeants, et que la loi 101 s’était vidée encore un peu plus
de sa force, de sa substance.

Comment des hommes, dont les
intentions sont individuellement pures, dès qu’ils s’agrègent
en parti, peuvent-il manquer si tragiquement de sens politique?
Un régime politique est un système dont toutes les parties se
tiennent. Le fédéralisme a sa logique, l’indépendance devrait
avoir la sienne. Or c’est là que le bât blesse. Tous les actes
du Parti québécois devraient être polarisés par l’idée
d’indépendance, la montrer, y conduire comme la matérialisation
obligée de notre identité. Adopter un «compromis»
fédéraliste à la Proulx constitue un véritable suicide, une
compromission peut-être irrémédiable de l’idéal et de
l’action indépendantistes.

Le Parti québécois
s’imagine-t-il qu’un électorat confus, manipulé, terrorisé et
«multiculturalisé» votera magiquement, au jour J, pour un
Québec indépendant, et que, dans l’intervalle, lui, le Parti
québécois peut commettre toutes les incohérences, peut
contredire sans conséquence la loi 101 qui est le point sensible
de l’affirmation québécoise? Le Parti québécois n’imagine le
Québec que comme un Canada rétrécis où une majorité
précaire, en sursis, doit composer avec le bilinguisme et le
multiculturalisme en attendant de devenir elle-même une
minorité plaintive et agonisante qui épouse docilement la
décroissance des autres minorités fançaises du Canada et de
l’Amérique.

Les Anglos habitant au Québec
n’ont jamais accepté la loi 101. Toujours, ils l’ont combattue
par tous les moyens: dénigrement, calomnie, campagnes de
désinformation, chantage à la partition, recours aux tribunaux
fédéraux qui décident toujours en leur faveur, – ils le savent
bien. Ce qu’ils poursuivent, et ce que le Parti libéral leur
promet, à long terme, c’est le retour au libre choix. Or le
libre choix, c’est ce qui permet au Anglos de fonctionner comme
un état dans l’état, d’ignorer le Québec français, et
d’attirer à eux immigrants et Québécois dénaturés. En
d’autres termes, ils n’ont jamais cessé de se considérer comme
des <<maîtres>> par droit de Conquête. Leurs
«droits» ne résultent pas du consentement des Québécois,
mais de l’antique et toujours actuelle Conquête de 1760.

Le Parti québécois, en
reconfirmant les «droits» des Anglos, par des déclarations
inconséquentes et par cette volte-face humiliante du «compromis
Proulx», nous renvoie à l’autre terme du binôme fatal. Car les
«droits» des anglos traînent toujours avec eux le corollaire
de la défaite des Québécois. En politique, l’histoire,
l’imaginaire et le symbolique sont le filigrane de la réalité,
sa logique toujours active et productrice de victoire anglaise et
de défaite québécoise. Les dirigeants du Parti québécois ont
beau jouer les «maîtres de la situation», ce que le premier
ministre Bouchard voit dans son miroir, pour reprendre son
imprudente image, c’est le sourire de Galganov. Les Québécois
reconnaissent de moins en moins leur cause et leur aspiration
dans un Parti qui les a lâchés sur un point décisif, les
Anglos qui savent la forteresse sans défense préparent la
prochaine et décisive attaque, et les immigrants s’engouffreront
avec le maître dans l’urne du «non».

Or les beaux prétextes de
démocratie et les prétendues nécessités de
«gouverner-pour-l’ensemble-des-Québécois» cachent tout
simplement la tiédeur de l’adhésion indépendantiste, l’absence
de vision politique, la perméabilité aux pressions
étrangères, ainsi que, par delà les mots, une coïncidence de
plus en plus prononcée du Parti québécois avec le Parti
libéral dont la raison d’être est la conservation de
l’aliénation traditionnelle du Québec au pouvoir des Anglos.

Hubert Larocque
Hull, (Québec)


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