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LE CENTRE UNIVERSITAIRE DE SANTÉ DE L’ESTRIE

LE CENTRE UNIVERSITAIRE DE
SANTé DE L’ESTRIE :

Au-delà de l’affichage

Jacques Poisson
Président
Mouvement estrien pour le français

L’affichage au Centre universitaire de
santé de l’Estrie
(CUSE) n’est que la pointe de l’iceberg.
Au delà de l’anglicisation des affiches de nos hôpitaux
francophones et donc du recul quand au visage français de
l’Estrie, il y a bien d’autres enjeux aussi importants sinon
beaucoup plus importants.

1. La mort de l’Hôpital d’Youville (237
lits) par son intégration au Sherbrooke Hospital (96
lits), sa transformation en Pavillon Youville Pavilion
incorporé au Sherbrooke Geriatric University Institute,
toute la question de la répartition des fonds de dotation et le
reste, en plus de favoriser exagérément la minorité
anglophone, nous apparaissent des irrégularités. Le Mouvement
estrien pour le français
(MEF) demande au ministre de la
santé, monsieur Jean Rochon, de revoir le statut de cet institute
pour qu’il reflète la réalité de l’Estrie qui compte plus de
90 % de francophones.

2. Les Townshippers ont noyauté
les services de santé et les services sociaux de l’Estrie, ils y
sont surreprésentés, ils détiennent des privilèges uniques au
Conseil d’administration du CUSE, ils dominent au comité
spécial d’anglicisation à la Régie régionale financée par
nos taxes. En outre, l’intrusion d’Ottawa est inadmissible dans
un domaine exclusif aux provinces. Au lieu de consacrer 65 000 $
par année à l’anglicisation des services de santé et des
services sociaux en Estrie, pourquoi le Fédéral ne les
retournerait-il pas au gouvernement québécois pour maintenir
des postes d’infirmières ? Lorsqu’on est hospitalisé, a-t-on
besoin d’une infirmière ou d’un préposé à l’anglicisation…
pour satisfaire 3 % d’unilingues? Si l’on invoque le principe
très canadien «quand le nombre le justifie» , cette dépense
est inutile et irrationnelle. D’autant plus que la Régie
régionale s’est avouée incapable de fournir la participation
financière exigée récemment par le Ministère de la santé, et
que la loi autorisant l’anglicisation mentionne bien qu’il faut
tenir compte des ressources financières.

3. Le plan d’anglicisation massif proposé
au ministre Rochon par la Régie régionale doit être revu et
corrigé, sinon carrément rejeté, entre autres et notamment la
recommandation de bilinguiser tous les services du CUSE. Est-ce
que le laveur de vitres ou de planchers sera plus précautionneux
parce qu’on l’oblige à parler anglais ? Est-ce que la soupe sera
meilleure si elle est brassée par un cuisinier qui doit parler
anglais ? Et que penser de l’exigence soumise par la Régie et
acceptée par le gouvernement sortant de 1994, laquelle exigence
impose dans certains services dont les services psychosociaux
«la présence d’un anglophone ayant une maîtrise parfaite de la
langue [anglaise] et qui est familier avec le milieu de l’Estrie
et sa culture» (Cadre de référence, pages 26 et 27, Ministère
de la santé et des services sociaux, 1994). Le Mouvement estrien
pour le français trouve pour le moins étonnant qu’une directive
officielle venant du gouvernement du Québec exclut d’office les
francophones, peu importe leur compétence, de certains postes au
CUSE ou ailleurs en Estrie. C’est un grave accroc au droit de
travailler en français au Québec, assuré par la Charte.
Injustement, depuis deux ou trois ans, plusieurs employés se
sont vus refuser des emplois parce qu’ils ne possédaient pas
l’anglais suffisamment, cela dans l’administration québécoise
publique. Nous demandons au ministre de la santé d’annuler cette
directive inqualifiable émise par son ministère.

Face au noyautage massif par les Townshippers,
financés grassement par Ottawa, avec nos taxes, nous invitions
toute la population à s’occuper de ses intérêts, sinon
d’autres le feront à sa place… Quelle doit être la priorité
: la qualité des soins ou l’anglicisation de nos institutions
francophones ? En Estrie, combien d’anglophones se sont plaints
parce qu’on les aurait mal traités dans un de nos
établissements de santé ? Les médecins francophones de
l’Estrie sont bilingues. La majorité des infirmières de
l’Estrie sont également bilingues. Alors, peut-on soutenir que
les anglophones n’ont pas obtenu des services adéquats en
Estrie… depuis 30 ou 40 ans qu’ils fréquentent nos hôpitaux
francophones ? Où ? Quand ?

Au nom du Mouvement estrien pour le
français (MEF), nous serions d’accord pour que le Québec et
l’Ontario adoptent un pacte de réciprocité totale en matière
de traitement de leur minorité francophone ou anglophone,
semblable en nombre. Mêmes mesures d’accès aux services en
français ou en anglais, même argent consacré, autant
d’hôpitaux francophones en Ontario que d’hôpitaux anglophones
au Québec, etc. Parité totale, partout. En réalité, les
francophones de l’Ontario seraient très heureux s’ils avaient le
dixième de ce que les anglophones ont au Québec.

L’affichage anglais au CUSE auquel nous
nous opposons est un net recul par rapport à ce qui a toujours
existé… sans causer de préjudice aux anglophones qui y
viennent depuis des lunes. Nous réclamons l’équité dans
l’embauche et la fin des pratiques discriminatoires envers les
francophones. Nous demandons :

  • que l’on consacre nos taxes aux soins
    de santé plutôt qu’aux programmes d’anglicisation
    coûteux et non justifiés;
  • que l’hôpital d’Youville garde son
    statut d’hôpital francophone vu sa longue histoire et
    son importance quantitative, comparée au Sherbrooke
    Hospital
    ;
  • que son nom soit ainsi libellé: Institut
    universitaire de gériatrie d’Youville
    ;
  • que le Sherbrooke Hospital se
    nomme: Annexe à l’Institut universitaire de
    gériatrie d’Youville
    ;
  • que les fonds destinés à
    l’anglicisation du CUSE soient consacrés au maintien de
    postes d’infirmières;
  • que le plan d’anglicisation proposé
    par la Régie régionale soit tout simplement écarté
    parce que non justifié.

La solution est simple: que les anglophones
apprennent et utilisent le français au Québec autant que les
francophones apprennent et utilisent l’anglais en Ontario. Mêmes
poids, mêmes mesures. Comme l’a dit Daniel Johnson, père: «Il
faut que le Québec soit aussi français que l’Ontario est
anglais».

Jacques Poisson
Tél. : (819) 565-1076


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