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LA DISPARITION TENDANCIELLE OU L’EXTINCTION INTERGÉNÉRATIONNELLE

LA DISPARITION TENDANCIELLE OU

L’EXTINCTION INTERGéNéRATIONNELLE

Jean-Paul Perreault

Président

Statistique Canada vient de publier les nouvelles données du dernier
recensement de 1996. Le tableau suivant témoigne éloquemment du recul dramatique du
français au Canada. Sans l’ombre d’un seul doute, le Canada anglicise. Cette oeuvre
assimilatrice du Canada quoiqu’en dise les politiciens de tous acabits agit comme un
véritable rouleau compresseur culturel. La langue majoritaire enregistre des gains
inégalés de 2 222 401, soit l’équivalent du tiers de toute la population francophone,
contre des pertes de 263 028 pour le français.

Tableau 1

ASSIMILATION AU CANADA

Langue maternelle Langue d’usage écart %
anglais 17 072 433 19 294 834 +2 222 401 +13,02
français 6 711 645 6 448 617 -263 028 -3,92
autres 4 744 052 2 784 674 -1 959 378 -41,30
Total 28 528 130

Source : Statistique Canada

L’importance relative

L’impact canadien a des effets troubles permanents et pervers sur les sentiments
d’appartenance collective et d’identification culturelle. Le poids relatif des
francophones et des Québécois (tableau 2) poursuit sa chute. Sur une brève période de
45 ans, l’importance relative des francophones au Canada a diminué de 18,9 %, des
Québécois de 14,5 % et, enfin, des francophones hors Québec de 38,3 %. Et
ça continue… Un regard attentif sur le poids relatif des francophones, selon la langue
parlée, confirme davantage la précarité de la situation. La proportion des francophones
du Québec et du Canada est tombée sous la barre psychologique des 25 %. Selon la langue
parlée, les francophones hors Québec ne représentent plus que 2,8 %. Dans certains cas,
les masses critiques seraient même en voie de disparition. Et ça continue…

Tableau 2

éVOLUTION DU POIDS RELATIF DES FRANCOPHONES ET DES QUéBéCOIS
Canada, 1951, 1991 et 1996

Francophones
Canada et Québec
Québécois
toutes origines
Francophones
Canada hors Québec
1951 29,0% 28,9% 7,3%
1991 24,3% 25,2% 4,8%
1996 23,5% 24,7% 4,5%
Variation
1951-96
-18,9% -14,5% -38,3%
Français – La langue d’usage
1996
22,6% 20,4% 2,8%

Source : Statistique Canada – 1996

Le tableau 3 permet de mesurer, par région, l’envergure de l’oeuvre assimilatrice du
Canada.

Tableau 3

ASSIMILATION AU CANADA HORS QUéBEC PAR RéGION –
Langue française, 1996

Langue maternelle Langue d’usage écart Taux d’assimilation (%)
Colombie-Britannique 56 755 16 582 – 40 173 70,78
Alberta 55 293 17 817 – 37 476 67,78
Saskatchewan 19 896 5 829 – 14 067 70,70
Manitoba 49 108 23 136 – 25 972 52,89
Ontario 499 687 306 788 – 192 899 38,60
Nouveau-Brunswick 242 408 222 454 – 19 954 8,23
Nouvelle-écosse 36 308 20 710 – 15 598 42,96
Terre-Neuve 2 433 1 018 – 1 415 58,17
Île du Prince-édouard 5 715 3 045 – 2 670 46,72
Yukon 1 173 543 – 630 53,73
Territoire du Nord-Ouest 1 416 605 – 811 57,27
Canada hors Québec (RDC) 970 198 618 529 – 351 669 36,25
Canada (total) 6 711 645 6 448 617 – 263 028 3,92
**************
Langue anglaise, 1996
Québec 621 862 762 434 + 140 572 Gains
+ 22,61 %

Source : Statistique Canada

Le Reste du Canada connaît un taux d’assimilation faramineux de 36,25 %. En Ontario,
province de la Capitale canadienne, ce taux atteint 38,6 %. Au Nouveau-Brunswick, il est
de 8,23 %, etc. En fait, plus on s’éloigne du Québec, plus l’assimilation
linguistique est forte !

Tandis que d’un côté, le français recule dans le Reste du Canada, de l’autre,
l’anglais fait des gains de 22,61 % au Québec grâce à l’assimilation des francophones
et des allophones. Et dire que Patrimoine Canada subventionne à coups de
millions de dollars les organismes canadiens établis au Québec pour promouvoir, très
activement
, le rayonnement et l’avancement de la langue et de la culture
anglaises, langue et culture de 300 millions d’anglophones en Amérique du Nord. C’est
la Loi canadienne sur les langues officielles qui invente de toutes pièces une
minorité anglophone en Amérique du Nord.

Tableau 4

éVOLUTION DE LA LANGUE FRANçAISE AU CANADA HORS QUéBEC

Langue maternelle Langue d’usage écart Taux d’assimilation (%)
1991 976 415 636 440 -339 975 34,80
1996 970 198 618 529 -351 669 36,25

Le tableau 4 révèle clairement l’étendue de l’évolution de l’oeuvre assimilatrice
du Canada. Au Canada hors Québec, les dégâts se remarquent de plusieurs façons : par
une baisse sur le nombre absolu de francophones, par une baisse du nombre absolu de
francophones qui parlent le plus souvent français à la maison, par une hausse
du taux d’assimilation linguistique, par une baisse du poids relatif, etc..

Unilinguisme

Tableau 5

CONNAISSANCE DU FRANçAIS OU DE L’ANGLAIS
Statistique Canada – 1996

Langue unique Langue maternelle écart Rapport (%)
anglais 19 134 250 17 072 433 + 2 061 817 112,08
français 4 079 085 6 711 645 – 2 632 560 60,78

L’unilinguisme anglais (tableau 5) fait des progrès, c’est le moins qu’on puisse dire
! Bien que 17 072 433 citoyens se déclarent de langue maternelle anglaise, 19 134 250
Canadiens admettent ne connaître qu’une seule langue officielle, l’anglais. Le
multiculturalisme canadien s’apparente à de l’assimilation culturelle. Cela n’a
évidemment pas de quoi surprendre ! Tout est en place pour une accélération de
l’anglicisation dans l’ensemble du Canada maintenant que l’anglais étant aussi populaire
chez les francophones !

Tableau 6

éVOLUTION DE LA CONNAISSANCE D’UNE LANGUE UNIQUE

1991 1996 écart
anglais 18 106 760 19 134 250 + 1 027 490
français 4 110 300 4 079 085 – 31 215

Selon le tableau 6, de 1991 à 1996, le nombre de Canadiens ne maîtrisant qu’une seule
langue officielle, l’anglais, a fait des gains de 1 027 490 contre des pertes pour le
français. Selon Statistique Canada, 41 % des francophones sont bilingues alors que 91 %
des Canadiens anglais pratiquent un unilinguisme sans regret. Les données du
recensement de 1996 confirment que la politique canadienne de bilinguisme est une
réussite puisque les anglophones peuvent demeurer tranquillement unilingues grâce au
bilinguisme ou, pis encore, à l’assimilation des non-anglophones!
Force est de
constater que le bilinguisme est une étape intermédiaire pratique sur la voie d’une
parfaite et irréversible assimilation et intégration au Canada anglais !

Le Canada anglicise : le multiculturalisme anglicise l’immigrant et le
bilinguisme anglicise le francophone. Tous deux, à leur façon, contribuent à faire du
Canada un pays de moins en moins canadien et de plus en plus américain; de moins en moins
francophone et de plus en plus anglophone !

Certains refuseront d’admettre l’évidence et nieront la gravité et l’urgence de la
situation. De leur côté, le professeur Charles Castonguay et les démographes
Jacques Henripin et Réjean Lachapelle parlent de disparition tendancielle; le professeur
John Richards de l’Université Simon Fraser, d’extinction intergénérationnelle…

Des gestes courageux s’imposent.

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