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LA CHANSON QUÉBÉCOISE

LA CHANSON QUéBéCOISE

Introduction et recommandations du Groupe de travail sur la chanson québécoise

INTRODUCTION

« Le présent document est le rapport final du Groupe de travail sur la chanson
québécoise qui a entamé ses travaux au mois de décembre 1997. Rappelons que ce Groupe
a été mis sur pied par la ministre de la Culture et des Communications, madame Louise
Beaudoin, au moment où, sans révéler une crise aiguë, les dernières études
réalisées en vue de l’élaboration de la politique de diffusion des arts de la
scène en 1996, et celles produites par le milieu – dont la dernière " Vers une
politique de la chanson ", du consultant Michel Houle pour le compte de l’ADISQ
en 1997 – fournissaient des indicateurs suffisamment alarmants pour justifier une
démarche de réflexion associant les intervenants publics et les acteurs du milieu de la
chanson afin de déterminer les interventions qui s’imposent.

à ce constat sur les difficultés actuelles du spectacle de chanson québécoise
s’est ajoutée la demande de l’Association canadienne des radiodiffuseurs
d’abaisser de 65 % à 55 % la proportion de chansons de langue française imposée
aux stations de radio diffusant en français dans les régions de Montréal et de
Hull-Ottawa. Il faut aussi prendre en considération les rapports entre les différents
intervenants qui doivent permettre une juste rémunération de chacun d’eux.

Le premier volet du mandat confié au Groupe a consisté à dresser le portrait le plus
complet de la situation, portrait qui a été achevé par le dépôt du rapport
préliminaire déposé à la ministre de la Culture et des Communications, madame Louise
Beaudoin, en avril dernier.

L’objectif de ce premier rapport était de qualifier l’état du dossier de la
chanson au Québec à partir des perceptions évoquées par l’industrie et les
créateurs, à savoir une désaffection marquée des jeunes à l’égard de la chanson
québécoise de langue française, un déclin très significatif de la
fréquentation des spectacles de chanson francophone en plus des problèmes structuraux
qui semblaient s’être installés en permanence au sein de l’industrie. Au
nombre de ceux-ci, soulignons :

– L’insuffisance de l’aide à la création ;
– Un accès difficile aux structures industrielles existantes pour les
artistes de la relève ;
– Des programmes de formation inexistants ou jugés inadéquats ;
– Des revenus insuffisants pour les créateurs ;
– Des programmes d’aide à la préproduction, à la production et à la
commercialisation qui ne répondent que très partiellement aux besoins
de l’industrie ;
– Un niveau de rentabilité des entreprises nettement insuffisant ;
– La nécessité de développer de nouveaux marchés.

à partir de ce premier état de situation, le Groupe a avancé des pistes de
solutions, qui visaient à combler des lacunes et à faire face aux nouvelles réalités
de l’industrie, sur lesquelles il se proposait de travailler.

En outre, le rapport contenait une recommandation visant à assurer à l’industrie
un financement permanent, autonome et indépendant des décisions gouvernementales, à
savoir un fonds de soutien constitué à partir de redevances perçues dans la chaîne de
commercialisation des disques et des spectacles.

La constitution de ce fonds répondait également au besoin d’augmenter rapidement
et de façon substantielle les sommes disponibles au développement de l’industrie,
preuve ayant été faite que le domaine souffrait d’un sous-financement critique.

Le premier état de situation aura également permis d’établir les bases sur
lesquelles les recommandations du Groupe devaient reposer en fonction de l’atteinte
d’objectifs de nature culturel et économique. Il fallait d’entrée de jeu
reconnaître et admettre ces deux aspects de la problématique comme autant de pôles à
considérer et à concilier.

Conscients de l’importance de l’acte de création comme élément
déclencheur de toutes activités liées au domaine de la chanson, les membres du Groupe
de travail ont convenu d’inscrire celui-ci au centre de leur réflexion. Toutefois,
les aspects économiques et industriels demeurent tout aussi importants dans la mesure où
il est acquis que l’un et l’autre de ces aspects font partie d’un tout, et
de ce fait donc indissociables.

Une fois ce constat établi et en tenant compte des enjeux qu’il comporte, le
Groupe a déterminé les principes qui allaient alimenter sa réflexion et l’amener
à bâtir un modèle de développement qui trouve son aboutissement dans le présent
rapport.

Ainsi, les recommandations du Groupe ont été inspirées par des principes déjà
énoncés dans le premier rapport, c’est-à-dire :

– La chanson doit être considérée comme un art majeur, porteur de notre
identité culturelle ;
– Pour que la chanson québécoise se développe, il faut rassembler
toutes les conditions permettant à la création de s’exprimer ;
– La chanson ne peut exister sans public. Il faut mettre tout en œuvre
pour que les créateurs et les publics se rencontrent par le spectacle,
par le disque et par les autres fenêtres de diffusion ».

RECOMMANDATIONS

Liste des recommandations du Groupe de travail sur la chanson québécoise

Recommandation 1

« Que le Gouvernement donne toutes les assurances que l’aide d’urgence de 5
M$ annoncée par la ministre de la Culture et des Communications en juin dernier soit
récurrente sur une période d’au moins 5 ans ; que le système de redevances
continue d’être documenté et que le Gouvernement y ait éventuellement recours dans
la perspective d’assurer un financement permanent du domaine de la chanson.

Recommandation 2

Reconnaître une structure de production alternative et adapter des programmes pour ce
type de production.

Recommandation 3

Que les artistes qui s’inscrivent dans une démarche créatrice et qui ne sont pas
liés à une entreprise soient soutenus par le CALQ alors que toute demande d’aide à
la création formulée par une entreprise soit adressée à la SODEC.

Recommandation 4

Accentuer l’aide directe offerte par le CALQ aux créateurs et interprètes du
domaine de la chanson.

Recommandation 5

Que la SODEC prévoie dans ses programmes de soutien aux entreprises et aux gérants
d’artistes un soutien à l’étape de la création.

Recommandation 6

Que le montant de l’aide financière que le CALQ consacre à la chanson soit
accru, que ces moyens financiers soient mieux adaptés aux besoins des clientèles et
qu’ils s’inscrivent à l’intérieur d’une enveloppe protégée.

Recommandation 7

Que l’aide globale aux entreprises accordée par la SODEC soit augmentée de telle
sorte que celles-ci puissent permettre à leurs artistes de consacrer plus de temps à la
préproduction de leurs disques et de leurs spectacles.

Recommandation 8

Que les programmes de soutien à la création et à la préproduction destinés aux
entreprises comprennent des obligations de respecter les règles liées à la
rémunération des artistes – créateurs et interprètes.

Recommandation 9

Qu’un crédit d’impôt remboursable à la production de disque et de
spectacle soit développé afin de favoriser la croissance du secteur, la consolidation
des entreprises et la création d’emplois diversifiés et bien rémunérés.

Recommandation 10

Que soit développé (à la SODEC) un programme d’aide à la promotion et à la
mise en marché du spectacle basé sur une perspective de rendement qui tienne compte dans
ses exigences de la spécificité de Montréal et qui prenne la forme d’une aide
remboursable.

Recommandation 11

Que la SODEC développe un programme permettant une amélioration des équipements des
salles privées spécialisées dans la diffusion de la chanson en accordant une priorité
aux salles situées dans la communauté urbaine de Montréal.

Recommandation 12

Que le réseau RIDEAU développe une proposition qui s’inspirede
l’expérience des " Voyagements " qui permettrait auxdiffuseurs de
diversifier leur programmation.

Recommandation 13

Que les associations professionnelles du milieu de la chansons’associent pour
développer un programme d’animation et de sensibilisation auprès des enseignants du
niveau primaire pour queceux-ci intègrent le répertoire de la chanson québécoise dans
leurs activités scolaires et parascolaires.

Recommandation 14

Qu’une priorité soit accordée à la chanson québécoise dans les programmes de
sensibilisation aux arts de la scène.

Recommandation 15

élargir le programme pilote de sensibilisation à la chanson et de diffusion pour le
milieu collégial de Montréal et de sa région à l’ensemble du Québec.

Recommandation 16

Que soient privilégiées et encouragées toutes les initiatives qui, à l’instar
du programme dans les cégeps, auront les moyens de favoriser un lien plus étroit entre
les artistes, les créateurs et les jeunes des écoles secondaires et qui permettront à
ceux-ci de participer et d’être engagés dans la détermination de ces activités.

Recommandation 17

Que les radios étudiantes jouent un rôle plus important de sensibilisation et de
promotion de la chanson québécoise et, qu’à cet effet, les programmes de
sensibilisation à la chanson aux niveaux secondaire et collégial prennent en compte la
nécessité d’approvisionner ces radios en produits québécois et d’offrir un
soutien approprié aux programmateurs de ces radios, que les radios communautaires
continuent de recevoir un soutien adéquat pour réaliser leur mandat.

Recommandation 18

Voir à développer une collaboration plus active entre industrie de la télévision et
de la chanson, notamment pour développer de nouveaux concepts et formules
d’émission et d’échanges plus réguliers sur les meilleurs moyens de
développer la relève, de respecter et d’encourager davantage la création, comme
sur les stratégies de promotion et de mise en marché qui sont susceptibles de profiter
aux deux industries.

Recommandation 19

Que soit maintenu le crédit d’impôt en faveur de la production d’émissions
variétés/magazines.

Recommandation 20

Que les représentants des médias manifestent une plus grande ouverture à la chanson
québécoise d’expression française dans sa diversité et qu’ils lui assurent
la place privilégiée qui lui revient.

Recommandation 21

Qu’une attention particulière soit portée aux besoins en formation continue à
tous les niveaux de la chaîne de production à l’intérieur des différents
programmes de soutien aux créateurs, aux artistes et aux entreprises.

Recommandation 22

Que les associations professionnelles concernées par le domaine de la chanson
explorent la possibilité de créer un fonds commun, alimenté à même les obligations de
consacrer 1 % de la masse budgétaire des entreprises, pour soutenir la formation de la
main-d’œuvre de l’ensemble du secteur de la chanson et que ce fonds soit
géré par celles-ci.

Recommandation 23

Que la SODEC étudie la possibilité de développer un programme permettant de soutenir
les entreprises qui procèderaient à l’engagement de ressources spécialisées en
management.

Recommandation 24

Que les programmes de soutien à l’exportation de la SODEC (Sodexport), du CALQ et
du ministère de la Culture et des Communications soient revus et que leurs crédits
soient augmentés pour répondre aux besoins liés à une présence plus permanente des
artistes de la chanson sur les marchés étrangers.

Recommandation 25

Que le groupe financier à être créé avec la participation de la SODEC s’engage
dans des investissements permettant l’exploitation de spectacles sur les marchés
étrangers ou le développement de carrières d’artistes québécois.

Recommandation 26

Que le modèle d’observatoire du livre en cours d’élaboration serve de base
à la création d’un observatoire pour le secteur de la chanson.

Recommandation 27

Que les acquis d’un système recourant aux expertises des professionnels soient
maintenus que soient apportés des correctifs permettant une meilleure participation des
intervenants dans toutes les instances appelées à mettre en application ses
recommandations en tenant compte des principes suivants : miser sur l’expertise
professionnelle et sur une représentation plus diversifiée.

Recommandation 28

Que la composition de la Commission du disque et du spectacle de variétés de la SODEC
soit révisée de manière à s’assurer une représentation adéquate des milieux
– auteurs, compositeurs, interprètes, représentants de la production
d’artistes alternatifs et en émergence, de diffuseurs institutionnels et privés, au
côté de professionnels qui représentent les secteurs bénéficiant des programmes de
soutien aux entreprises administrées par la SODEC.

Recommandation 29

Que le CALQ développe un mécanisme de consultation qui permette à l’ensemble
des intervenants d’exprimer leurs attentes et leurs recommandations concernant
l’enveloppe qui sera identifiée au soutien à la création dans le domaine de la
chanson.

Recommandation 30

Que les différents jurys appelés à recommander l’octroi de bourses soient
toujours composés de professionnels qui reflètent à la fois les perceptions des
créateurs et celles des entreprises ».

Le rapport dans son entier est accessible à l’adresse suivante :
http://www.mcc.gouv.qc.ca/pubprog/rapports/chanson2.htm

© Gouvernement du Québec, 1998


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