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INTERNET EN FRANÇAIS

Notes personnelles de
Jean-Paul Perreault, président d’Impératif français

Conférence organisée par le CAFI
le mardi 11 avril 2000 à 11 h 30 à l’hôtel Reine élizabeth

INTERNET EN FRANçAIS
QUE FONT LES GOUVERNEMENTS ?

Selon certaines sources, l’anglais occuperait plus de 80 % de l’espace Internet, très loin en avant des autres langues nationales ou internationales. De son côté, le français selon diverses sources serait en 2e, 3e ou 4e position en importance avec une proportion de près de 2 %.

Une étude, édition septembre 1998, menée, entre autres, par l’Agence de la Francophonie sur le thème de La place des langues latines sur l’Internet permet d’établir un parallèle entre l’importance relative des langues latines et de l’anglais sur Internet (WWW) eu égard à leur importance relative dans le monde.

Poids des langues latines (chiffres arrondis en millions)

Anglais Espagnol Portugais Français Italien Roumain
Nombre de locuteurs 630 375 190 130 60 30
Présence mondiale relative (%) 10,50 % 6,25 % 3,17 % 2,17 % 1 % 0,50 %
Présence relative sur le Web 75,00 % 2,53 % 0,82 % 2,81 % 1,50 % 0,15 %
Présence pondérée 7,14 0,40 0,26 1,30 1,50 0,30

Ce tableau confirme ce que nous savons tous : l’anglais prédomine massivement sur le Net.

Au 31 janvier 2000, selon Inktomi et NEC Reseach Institute, l’Internet hébergeait plus de un milliard de documents desquels 86,55 % sont en anglais. De leur côté, les documents en français et en allemand ne constituaient respectivement que 2,36 % et 0,54 %.

Internet en français… Que font les gouvernements ?

Vérité de La Palice : Internet sera davantage en français s’il héberge un plus grand contenu de sites et de pages en français. Il faut que les organisations internationales, les gouvernements et institutions des pays francophones et les francophones eux-mêmes s’expriment en français sur Internet. Un changement d’attitude s’impose donc pour remplacer le préjugé ou l’idée préconçue selon laquelle tout est anglais et qu’on ne peut procéder à des recherches vraiment efficientes que dans cette langue, et que… par conséquent il faut soi-même rédiger et présenter son travail en anglais.

Le philosophe Jean-Luc Gouin écrivait à ce sujet : «Un Francien qui s’exprime essentiellement ou
exclusivement en anglais sur inforoute, ou ailleurs, étale et déverse sur la Planète entière la volonté de sa propre dilution. Il dit haut, fort et loin – aux six milliards de Terriens – que sa langue est inutile, superflue, encombrante. Il invite tous ses congénères à ignorer celle-ci, et à ne surtout pas la connaître ou l’apprivoiser. L’aimer, moins encore. à quoi bon la francité, en concluront indubitablement tous les allophones, si dès l’abord cette francité se renie elle-même de son propre fond ? »

Il faut donc accroître l’offre pour augmenter la demande. Examinons tour à tour la situation au sein des organismes internationaux, de la fédération canadienne et de l’état du Québec.

LES ORGANISMES INTERNATIONAUX

L’importance du traitement que les organismes à vocation internationale accorde à langue française n’est pas sans avoir d’effets d’entraînement sur la présence relative de la langue française sur Internet et dans le monde.

Je rappelle que l’immense majorité des organisations internationales ont plusieurs langues de travail officielles. L’ONU reconnaît six langues officielles: l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe ainsi que deux langues de travail officielles: l’anglais et le français. Nonobstant cette règle, de nombreux sites Internet au sein du système des Nations Unies ne sont rédigés qu’en anglais(!). Voir le site suivant des Nations Unies : http://www.un.org/french/unworld/map/

Je vous invite en particulier à visiter le site de l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S) ( http://www.who.int/ ) ainsi que celui du Programme des Nations-Unies pour l’environnement (P.N.U.E) ( http://www.unep.org/ ) pour voir à quel point la discrimination vis-à-vis du français, par exemple, peut être humiliante: les titres sont bien traduits dans les deux langues de travail de l’ONU mais tout ce qui suit n’est qu’en anglais! De son côté, le site de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) basé à Montréal est unilingue anglais ( http://www.icao.org )

United Nations University » (UNU) : http://www.unu.edu/ Les boutons Français et Espagnol conduisent à «Under construction !»
«United Nation Economic and Social Commission for Asia and the Pacific» : http://www.unescap.org/
INSTRAW (United Nations International Research and Training Institute for the Advancement of Women) : http://www.un.org/instraw/

Les Jeux olympiques ont été créés par un Français, le baron Pierre de Coubertin. Le français est langue officielle des Jeux olympiques. Pourtant, le site des Jeux olympiques d’hiver de Salt Lake City de 2002 est toujours unilingue anglais : http://www.slc2002.org/ . Pendant ce temps, certains auraient voulu que les Jeux de la Francophonie 2001 reçoivent un traitement bilingue (français-anglais) !

Des associations à vocation internationale excluent aussi le français de leur site, notamment :
International Air Transport Association (IATA) ( http://www.iata.org )

Internet en français… Que font les gouvernements des pays non anglophones membres de l’ONU pour s’assurer que toutes les langues officielles seront respectées par celle-ci ?

De leur côté, que font les gouvernements des pays francophones membres de l’ONU, notamment le Canada, pour s’assurer que le français, langue officielle du Canada et langue officielle et de travail à l’ONU, soit présent sur les sites Internet des organismes à vocation internationale ?

La Francophonie internationale réunit 54 états et gouvernements répartis sur les cinq continents regroupant plus de 500 millions d’habitants. Internet en français… Que font les états et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la Francophonie?

Internet en français… Que font les gouvernements inforiches de la Francophonie pour hâter l’informatisation des pays infopauvres ?

Organismes européens : Des organismes européens se permettent aussi d’agir ainsi malgré l’importance des pays européens francophones. L’Union reconnaît onze langues officielles. De plus, je rappelle que l’anglais n’est la langue maternelle que de 8 % des Européens. Et que l’allemand et le français sont, en terme de locuteurs, les premières langues de l’Europe! Eh bien, nonobstant cette règle et l’importance du français en Europe, la Banque centrale européenne présente un site unilingue anglais : http://www.ecb.int/ . Voici d’autres cas européens :

«European Trade Union Confederation» : ( http://www.etuc.org/ )
Eurocadres ( http://www.etuc.org/eurocadres )
Compagnie aérienne belge Sabena : ( http://www.sabena.com/ )
«Joint Research Centre de la European Commission» : http://www.jrc.it
European Environnement Agency : http://www.eea.eu.int

Internet en français… Que font les gouvernements des pays européens non anglophones membres de l’Union européenne, notamment ceux des pays francophones ?

Internet en français… Que font les états et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la Francophonie?

POUR LES AMBASSADES, LE CANADA EST UNILINGUE

Impératif français dénonce l’attitude du Canada qui par trop souvent limite et parfois même nie l’existence de l’identité québécoise et de la francophonie canadienne.

Une visite des sites Internet officiels des ambassades de certains pays étrangers installées au Canada ( http://www.dfait-maeci.gc.ca/protocole/femw-f.asp ) vous convaincra que le Canada ne se soucie guère d’une situation où il projette l’image d’un pays unilingue anglais. Les sites Internet des ambassades suivantes ne sont disponibles qu’en version anglaise… La langue française, qui est pourtant une langue officielle canadienne, une langue internationale et une des langues officielles de l’ONU, est carrément absente…

Ambassade de la République de Chine : http://www.chinaembassycanada.org/
Haut commissariat des Indes : http://www.docuweb.ca/India/main.html
Ambassade d’Iran : http://www.salamiran.org/Embassy/
Ambassade de Russie : http://www.intranet.ca/~rusemb/index.htm
Ambassade d’Indonésie : http://www.prica.org/
République de Hongrie : http://www.docuweb.ca/Hungary/
Haut commissariat de la Nouvelle-Zélande : ( http://www.nzhcottawa.org/ )
Haut commissariat d’Afrique du Sud : ( http://www.docuweb.ca/SouthAfrica/ )
Ambassade d’Allemagne au Canada : ( http://www.germanembassyottawa.org/index1.html )
Le drapeau « français » indique les quelques documents disponibles en français.
Ambassade du Japon au Canada : ( http://www.embassyjapancanada.org/ ); même la page du Consulat à Montréal est unilingue anglaise !
Ambassade de Corée, ambassade du Liban et plusieurs autres !

Ailleurs dans le monde, les sites Internet de ces mêmes pays sont dans les langues officielles des pays où leurs ambassades sont installées. C’est une simple règle de courtoisie et de diplomatie … mais pas au Canada !

Impératif français invite le gouvernement canadien à user de son influence pour que ces pays corrigent cet impair. Nous rappelons au gouvernement canadien que le Canada a deux langues officielles. Nous invitons donc le service du protocole du ministère des Affaires étrangères à prendre ses responsabilités et à signaler à ces missions diplomatiques que le français est langue officielle au Canada et, de surcroît, la seule langue officielle du Québec.

Le gouvernement fédéral a beau dire ce qu’il veut au Canada à l’intention de la communauté autochtone francophone, les autres pays nous perçoivent pour ce que le Canada est dans les faits, un pays anglophone.

Un correspondant du site Internet d’Impératif français écrivait au sujet de l’unilinguisme des sites Internet de certaines ambassades étrangères établies au Canada : « Je crois que la situation que vous dénoncez doit être placée dans la perspective d’une comparaison avec les sites des différentes missions diplomatiques à Berne en Suisse. Comme vous le savez, les francophones de Suisse ne représentent que 15 % de la population totale de ce pays et environ un million de personnes. Si nous comparons la situation démographique des francophones de Suisse et du Canada, ceux du Canada sont à la fois plus nombreux en nombre absolu et en pourcentage de la population totale. Que ce soit dans les pratiques commerciales, gouvernementales et dans le cas qui nous intéressent maintenant, dans le cas de la présence française sur les site Web des ambassades étrangères, la situation des francophones en Suisse est bien meilleure que celle des francophones du Canada. »

« Comment (par exemple) le Gouvernement de la République Populaire de Chine peut-il justifier son incapacité de donner des services en français à 7 millions de Canadiens d’expression française représentant 23 % de la population du pays d’accueil alors qu’il est tout à fait capable de le faire à Berne bien que les Suisses romands ne forment que 15 % de la population et un million de personnes? Poser la question c’est y répondre.» (Y. Crépeau)

Internet en français… Que fait le gouvernement canadien ?

LA FéDéRATION CANADIENNE

« Laissons de côté pour l’instant les ambassades. J’aimerais attirer votre attention sur le site Web du Canada Trust ( http://www.canadatrust.com ). Il s’agit d’une institution financière canadienne qui possède des succursales au Québec. Ce site est uniquement (ou presque) en anglais. à titre de comparaison, les sites des banques suisses sont tous multilingues et le français y a toujours sa place. » (Y. Crépeau)

«La chaîne de magasins électroniques Future Shop, tout en étant solidement établie au Québec, continue de négliger le fait français et par ricochet, démontre un manque de respect flagrant envers ses clients québécois ( http://www.futureshop.ca ). Les seules sections de leur site Internet où l’on a cru bon de mettre du français sont, évidemment, la section qui permet à l’internaute de trouver le magasin le plus près de son domicile, un petit paragraphe d’aide, ainsi qu’une infime partie des emplois disponibles chez Future Shop. Tous les rapports annuels ne sont disponibles qu’en anglais seulement, et tous les communiqués de presse ne sont aussi disponibles que dans la langue de Shakespeare. La compagnie se targue d’offrir un "service à la clientèle insurpassable" » (P. Roseau)

Le site Internet de la compagnie Rogers Communication qui tente de prendre le contrôle de Vidéotron est unilingue anglais : http://www.rogers.com . Cela promet !

C’est à l’occasion de la Semaine de la langue française et de la francophonie qu’Impératif français, organisme de recherche et de communications pour la défense et pour la promotion de la langue française et des cultures d’expression française, divulgue chaque année les noms des lauréats des Prix Citron et Coco, et de la Mention pour Bavures linguistiques. Certains lauréats du Prix Citron, édition 2000, s’affichent uniquement en anglais sur Internet :

– Aux pratiques d’exclusion culturelle de la chaîne d’hôtels Canadian Pacific ( http://www.cphotels.ca ) qui accueille et informe ses clients non anglophones du monde entier uniquement en anglais sur son site Internet. Les clients du monde entier sont ainsi invités à réserver en anglais leurs nuitées aux Château Frontenac, Château Mont-Tremblant, «The Queen Elizabeth», Château Montebello au Québec et au Château Laurier de la capitale canadienne…

– Aux pratiques de mise en marché du type « deux poids, deux mesures » de Canadian Tire, de Zellers, du trio Loblaws/Provigo/Loeb et de Wal-Mart, compagnies dont la publicité est unilingue anglaise au Canada, mais bilingue au Québec. (Circulaires) Le site Internet de Loblaws est uniquement en anglais : http://www.loblaw.com

– Aux dénominations anglaises de Blockbuster, Toys R Us, Future Shop et Music World, compagnies qui utilisent des appellations anglaises pour solliciter et desservir le marché québécois.
Blockbuster : http://www.blockbuster.ca (site unilingue anglais)
Toys R us : http://www.toysrus.com (site étatsunien unilingue)
Future Shop : http://www.futureshop.ca (site unilingue anglais)
Music World : http://www.musicworld.ca (site unilingue anglais)

Du côté de la Mention pour bavures linguistiques, Impératif français a souligné l’unilinguisme anglais des portails canadiens et de la capitale fédérale :

http://www.Canada.com
http://www.Ottawa.com
http://www.Ottawa.CanadaSearch.com
http://www.Ottawa-sports.com

Tout récemment Impératif français déposait une plainte au Commissariat canadien aux langues officielles pour dénoncer le sort peu enviable que réservent les fédérations sportives canadiennes à la langue française et aux athlètes francophones. Dans une lettre, le Commissariat confirme que « les deux tiers des sites sont effectivement unilingues », soit 30 sur 46, malgré la politique de Sport Canada qui affirme que «tout organisme qui reçoit une contribution du gouvernement fédéral est tenu de s’assurer que ses communications avec le public sont dans les deux langues officielles.» La date cible pour assurer la présence du français était pourtant le 31 mars 1999 ! Une visite des sites vous confirmera que bien que certaines aient corrigé la situation, plusieurs autres demeurent délinquantes. Nous n’en nommerons que quelques-unes :

Association canadienne de canotage (Gloucester) : http://www.openface.ca/paddle/index.html
Association canadienne de crosse (Ottawa) : http://www.lacrosse.ca/
Association canadienne de soccer (Ottawa) : http://www.canoe.ca/SoccerCanada/home.html
Athétisme Canada (Toronto) : http://www.canoe.ca/Athcan/
Basketball Canada (Etobicoke) : http://www.basketball.ca/
Patinage de vitesse Canada (Gloucester) : http://www.speedskating-canada.ca/
Et plusieurs autres (Voir l’article : BILINGUISME DES FÉDÉRATIONS SPORTIVES « CANADIENNES » )

Vous remarquerez que très souvent ces sites unilingues anglais arborent la feuille d’érable et le logo de Patrimoine canadien ou de Sport Canada et le rouge constitue souvent la couleur prédominante !

Certains grands organismes canadiens excluent ou infériorisent la langue française (Voir le document de travail Sites Internet d’associations et d’organismes canadiens) :

Association canadienne de production de films et télévision : http://www.cftpa.ca (Seul le nom est traduit)
Canadian Venture Capital Association/Association canadienne du capital de risque (ACCR) : http://www.cvca.ca (Unilingue anglais)
Conseil canadien de la sécurité (Ottawa): http://www.safety-council.org (Accueil en anglais)

Nous avons demandé à un collaborateur de naviguer sur le Net à la recherche des sites Internet de grandes compagnies canadiennes. (Voir le document de travail Sites Internet au Canada). Ces recherches non exhaustives nous apprennent qu’il y a encore trop de compagnies d’envergure pancanadienne qui excluent le français :

Kelloggs Canada : http://www.kelloggs.ca
East Side Mario : http://eastsidemarios.com
Maple Leaf Foods : http://mlfi.com/index.html
Lipton : http://www.lipton.com

Et plusieurs autres : Canada Online, Chapters, Wal-Mart, Sanyo, Sony, JVC Canada, RCA, ou accordent une nette prédominance à l’anglais, infériorisant donc le français :

– L’accueil sur le site se faisant d’abord en anglais :

Sears : http://www.sears.ca
GM : http://www.gmcanada.com
Saab : http://www.saabcanada.ca
Soupes Campbell : http://www.campbellsoup.ca
Kraft Canada : http://www.kraftfoods.com/canada
Tim Horton : http://www.timhortons.com
Radio Shack : http://www.radioshack.ca

Internet en français… Que fait le gouvernement canadien ?

Selon une étude d’Angus Reid, le Canada se rangerait au deuxième rang pour la navigation sur Internet, immédiatement après les états-Unis : 56 % des Canadiens auraient utilisé Internet entre novembre et janvier 1999-2000 comparativement à 59 % pour les étatsuniens.

Dans son dernier budget, le fédéral a annoncé qu’il débloquera 70 millions de dollars sur trois ans pour la bonification du contenu culturel canadien sur le Net. La ministre du Patrimoine Sheila Copps « a annoncé que la moitié de cette somme, 35 millions $, sera octroyée au contenu en français », a précisé Dyane Adam, qui s’est dite satisfaite du budget de 2000. Celle-ci avait déploré d’importantes lacunes dans l’offre de contenu et de services en français sur le Web à feuille d’érable. Alors pourquoi seulement 50 % du montant pour le contenu et les services en français sur le Web ? Manque-t-il à ce point de contenu en anglais sur le Web au Canada pour exiger 50 % du montant, soit 35 millions de dollars !

Un article du New York Times du 7 avril 2000, commenté et diffusé par Veille, nous apprend que les entreprises canadiennes seraient «un an et demi en retard» sur celles des états-Unis dans le domaine du commerce électronique, la vente de produits et services incluant le paiement par transfert de fonds et par carte de crédit. Ce retard serait principalement causé par la résistance des institutions bancaires canadiennes. Selon Jim Carroll, coauteur du livre « Selling on ligne », 66 % des dollars dépensés par les Canadiens par l’intermédiaire du commerce électronique le seraient – en anglais – sur des sites Internet étatsuniens ! Internet en français… Que fait le gouvernement canadien?

éTAT DU QUéBEC

Une étude du Conseil de la langue française réalisée le consultant Réjean Roy avec la collaboration de Pierre Georgiault nous apprend que 48 % des sites des 100 premiers employeurs québécois accordent une nette prédominance à l’anglais : page d’accueil sans lien vers une page en français (22 %) ou page d’accueil en anglais avec un lien vers une page en français (26 %).

De plus, l’étude révèle qu’au moins 39 % des sites, soit « 12 % et 27 % des sites contiennent respectivement une minorité et une forte minorité des rubriques en français.»

Internet en français… Que font les gouvernements ?

« D’après une enquête menée en mai dernier par le Centre francophone d’informatisation des organisations (CEFRIO) et l’Institut de la statistique du Québec (résultats sur le site Infomètre), en collaboration avec six autres partenaires, seulement 30,3 % des très petits établissements au Québec (TPE – moins de dix employés, 75 % des firmes au Québec, soit environ 150 000 entreprises) utilisent Internet; seulement 11 % disposent d’un site Web. Ce faible taux de branchement s’explique quand on apprend de cette même étude que seulement 61,6 % des TPE utilisent un ordinateur (76,5 % des TPE ayant entre cinq et neuf employés; 56,1 % des établissements ayant moins de cinq employés), et que, de ce nombre, 51,4 % ne possèdent qu’un seul ordinateur.» (Chronique de Cybérie)

Bien qu’intéressantes, les mesures contenues dans le Budget 2000-2001 pour « Faire du Québec une société branchée » feront-elles du Québec une société branchée… en français ? Ces mesures généreront-elles relativement plus de contenus en français sur Internet ?

« Mais il n’y a pas que dans les entreprises qu’on traîne de la patte en matière d’informatisation et de branchement au réseau. Dans un texte publié dans la série Perspectives de Multimédium et intitulé «Les jeunes (dé)branchés», Frédéric Fortin pose un regard critique sur l’appropriation (ou plutôt la non appropriation) de l’espace cyber par les jeunes : «Malgré des conditions de branchement idéales (adresses électroniques pour tout le monde, accès à des ordinateurs branchés à haute vitesse, cours d’initiation), les étudiants sont horriblement absents de la grande toile».

Des chiffres… «Sur les quatre associations de secteurs à l’UQAM seulement une possède son site Web […]; le cas des journaux universitaires est lamentable. Sur les 25 sites des journaux universitaires répertoriés dans La Toile du Québec seulement trois présentent une mise à jour de septembre 1999.» Les causes de cette absence? Internet ne ferait pas partie des préoccupations des étudiants, bon nombre d’entre eux estiment que la mise en ligne de contenu est trop compliquée.

Et de conclure Fortin, «au rythme auquel les groupes étudiants accèdent au Web et avec le peu d’initiative dont ils font preuve, force est de constater que la génération qui monte ne causera certainement pas une cyberrévolution…». (Chroniques de Cybérie)

Trop souvent dans nos institutions d’enseignement postsecondaire de langue française, les étudiants ne sont pas encouragés à naviguer, à faire leurs recherches en français sur Internet. Le matériel pédagogique, les logiciels, la terminologie utilisée, les livres sont dans certains cas en anglais ! Il serait peut-être temps de créer des comités de francisation au sein des cégeps et des universités.

Charles Durand écrivait tout récemment dans un groupe de discussion : «Dans le monde francophone, le problème n’est pas le manque de sites et de pages réticulaires. Le problème est qu’une forte proportion de ces pages est rédigée dans une langue autre que le français. Sur la grande "toile" mondiale, le monde francophone contribue donc actuellement, et de manière très active, à son propre affaiblissement.»

«Il importe aussi de faire de la publicité, dans les universités et les centres de documentation, à propos des bases de données francophones accessibles via le réticule. Dans des domaines techniques, et même en informatique, on peut trouver beaucoup de choses en français mais les étudiants du monde francophone, en général, l’ignorent, et continuent de croire que 90 % des informations "utiles" ne peuvent être trouvées que sur des sites en anglais. »

«Il importe donc, dès le secondaire, de corriger cette perception et de diffuser largement, dans tous les lycées (écoles secondaires) et universités du monde francophone, particulièrement dans les écoles d’ingénieurs, des guides d’utilisation de la toile francophone qui auraient pour mission de recentrer les recherches initiales des francophones dans tous les domaines vers la toile francophone en priorité. »

« Les gouvernements, à travers leurs ministères, et plus particulièrement à travers leurs ministères de l’éducation, ont donc un rôle essentiel à jouer. »

Regardons la situation sous un autre angle… Nos recherches corroborent les propos tenus par la journaliste Denise Faille dans un reportage sur l’anglicisation des raisons sociales au Québec à l’émission Les affaires et la vie de Radio-Canada le samedi 12 février 2000 à 12h15 :

Le Groupe Coscient annonçait dans un communiqué émis le 26 août 1997 qu’il changeait sa raison sociale pour l’appellation anglaise Motion International afin, dit-t-il, de mieux refléter son intention de devenir « a leader in the distribution of entertainment product in Canada. » Est-ce pour mieux refléter ce virage Canadian que le site Internet de Motion International ( http://www.motioninternational.com ) est également unilingue anglais ?

De son côté, Micro Tempus annonce dans un communiqué disponible sur son site Internet unilingue anglais ( http://www.microtempus.com ) qu’elle modifie son nom pour devenir SureFire Commerce Inc.

FIDO/NOKIA : Nokia en Suisse offre à ses clients des pages Internet en français, mais pas au Canada ! Comment alors expliquer que le site de Nokia en Suisse ( http://www.nokia.ch ) offre à son million de clients potentiels des pages en français alors que Nokia au Canada ( http://www.nokia.ca ) ait négligé d’offrir un service similaire à une population sept fois plus importante? N’oublions pas que nous les francophones du Canada formons un quart de la population alors que les Suisses romands sont une minorité de moindre importance démographique.

Le 17 décembre dernier, la ministre du Patrimoine canadien, Mme Sheila Copps, annonçait par communiqué le cadeau de Noël suivant « visant à appuyer le développement et l’épanouissement » des forces d’anglicisation du Québec : « le gouvernement du Canada versera (aux organismes d’anglicisation du Québec) un financement de 15,2 millions de dollars réparti sur cinq ans, ce qui constitue une augmentation de 50 p. 100 par rapport à l’an dernier » !

Les sites Internet de ces organismes canadiens établis au Québec réclamant l’anglicisation du Québec par la bilinguisation systématique de celui-ci sont eux-mêmes sans contenu en français :
Alliance Quebec : http://www.aq.qc.ca/
Committee for Anglophone Social Action : http://www.geocities.com/~c_a_s_a/
Coasters’ Association Home Page : http://www.htmlweb.com/LNS/
Etc.

Parallèlement, « en moins de 20 ans, le gouvernement du Québec a imposé des compressions qui ont obligé l’Office de la langue française à réduire de 50 % ses effectifs, qui sont passés de 406 employés en 1981 à seulement 200 en 1999 » (FTQ), sans compter que le gouvernement du Québec n’a toujours pas institué de programmes d’assistance financière aux OSBL québécois oeuvrant à la défense et à la promotion de la langue française.

INTERNET VRAIMENT EN FRANçAIS

– Adressage Internet :

Le cas du Sommet Capital 2000 – Aura lieu à Montréal les 11, 12 et 13 juillet 2000 le Sommet Capital 2000 qui se tiendra au Palais des congrès de Montréal où plus de 1 200 participants sont attendus. Ce sommet est organisé avec l’appui de Canadian Venture Capital Association (CVCA) – Association canadienne du capital de risque (ACCR) dont le site Internet est entièrement unilingue anglais : http://www.cvca.ca/ !!!

Vous remarquerez en passant qu’encore une fois le mot « canadien » est associé à unilingue anglais, non disponible en français ! L’adresse Internet du « Sommet Capital 2000 » est http://www.capital2000montreal.com

Avant l’intervention d’Impératif français pour que soit corrigée la situation, en cliquant sur cette adresse, vous accédiez « en premier » à la version anglaise du site du Sommet à partir de laquelle vous pouviez « par après » atteindre la version française. Que faisait-on de la « nette prédominance » du français au Québec ?

En comparant les adresses Internet des versions française et anglaise, vous constatiez que celle qui donnait accès à la version anglaise était évidente, courte et facile à retenir tandis que celle que l’on

avait « choisie » pour la version française était longue à n’en plus finir, impossible à retenir et totalement insensée ! Comparez par vous-mêmes les deux adresses :

Version anglaise : http://www.capital2000montreal.com
Version française: http://www.capital2000montreal.com/images/splash-fr/index-francais.html

Il y avait 37 caractères de plus pour atteindre directement le site en français ! Avec 37 caractères en plus pour avoir droit à l’information dans notre langue, c’est à notre langue que les responsables du Sommet nous conviait ainsi à renoncer.

La situation aurait été depuis corrigée. Le visiteur est dorénavant accueilli sur une page neutre, style gare de triage. En cliquant sur le bouton English, vous atteindrez les pages anglaises :
http://www.capital2000montreal.com/index_En.html
et le bouton Français, les pages françaises. L’adresse des pages françaises contient néanmoins toujours 22 caractères de plus : http://www.capital2000montreal.com/images/splash_fr/index_francais.html

Le cas du Conseil canadien de la sécurité – 15 caractères de plus
Site anglais : http://www.safety-council.org/
Site français : http://www.safety-council.org/CCS/findex.html

L’objectif même d’un nom de domaine est de permettre l’association spontanée entre le nom d’une entreprise, d’un organisme ou d’un événement et le point de la toile où réside le serveur faisant sa promotion. Si l’association spontanée donne d’abord accès à de l’information en anglais et qu’il faille faire un effort supplémentaire pour trouver cette information en français, cet accès « coûte » plus cher et par là, le français est infériorisé.

Il y a quelques années, Benoît Brière, Monsieur B des publicités de Bell Canada, ridiculisait les concurrents de Bell parce qu’avec eux il fallait composer « trente-cinq chiffres » pour obtenir la communication, au point où les deux personnages joués par Brière (Monsieur B et son beau-frère) manquent leur avion !

Nous pourrions aussi parler des points suivants, mais le temps nous manque :

– Les signes diacritiques : le «refus» systématique des signes diacritiques dans les adresses électroniques.

­ Anglicisation terminologique… «Quand ce n’est pas anglais, c’est souvent franglais ­ pollution plus pernicieuse encore parce que moins évidente. à force de voir des «emails» et autres «Homepage», on finira par ne plus les voir. Une façon de se déstructurer de l’intérieur, comme… si la France exigeait de ses pilotes et ses contrôleurs aériens d’échanger en anglais. Impensable assurément !» ( Jean-Luc Gouin )

– Adressage Internet carrément en anglais :

Le temps des sucres ! Le cas des acériculteurs du Québec :
Page d’accueil en français : http://www.jam.ca/syrup/fr/index.html Vous remarquerez que le Québec produit du «Jam» et du «Syrup». L’adresse Internet pour les pages françaises est là aussi plus longue que celle réservée aux pages anglaises http://www.jam.ca/syrup/ (13 caractères)

Le cas de Team Canada/équipe Canada
Site français : http://www.tcm-mec.gc.ca/welcome-f.asp
Site anglais : http://www.tcm-mec.gc.ca/welcome-e.asp

Le cas du Bureau d’information du Canada/Canada Information Service
Site français : http://www.infocan.gc.ca/main-f.html
Site anglais : http://www.infocan.gc.ca/main.html

La Cour suprême du Canada ( Supreme Court of Canada ) qui a invalidé plusieurs pans de la Charte de la langue française
Site français : http://www.scc-csc.gc.ca/brochure/french/html/matieres.htm
Site anglais : http://www.scc-csc.gc.ca/brochure/English/HTML/contents.htm

Le Secrétariat du Conseil du Trésor ( Treasury Board of Canada ) qui est responsable de l’administration de la Loi canadienne sur les langues officielles
Site français : http://www.tbs-sct.gc.ca/home_f.html
Site anglais : http://www.tbs-sct.gc.ca/home_e.html

MAECI – Le Canada et la Francophonie
http://www.dfait-maeci.gc.ca/foreignp/francophonie/menu-f.htm

– Adressage avec le mot « French »
Association canadienne de patinage artistique : http://www.cfsa.ca/french/02fhome.html
Saab : http://www.gmcanada.com/french/home/home.html
Tim Horton : http://www.timhortons.com/french/french.html
Et plusieurs, plusieurs autres !

Vous conviendrez avec nous que toutes ces pratiques ont comme effet de banaliser et d’angliciser la langue française encourageant ainsi, à leur façon, le contenu anglais sur Internet.

N.B. Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont collaboré à ce document.
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Impératif français
C.P. 449
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