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DEUX HISTOIRES… DEUX PEUPLES… DEUX PAYS

DEUX HISTOIRES… DEUX PEUPLES… DEUX PAYS

Au cours de la fin de semaine des 30-31 janvier 1999, se tenait une conférence
pancanadienne sur l’enseignement de l’histoire. Cette réunion rassemblait pas moins de
800 experts venus "d’un Océan à l’autre" à Montréal afin de faire le point
sur une possible "histoire commune" du Canada. UNE Histoire que l’on pourrait
enfin enseigner à tous ces écoliers de Vancouver à Halifax. Or, selon ce qu’ont
rapporté les médias, ce grand rêve d’une Histoire commune des deux peuples ne fait pas
l’unanimité !

Il est là le problème du Canada : c’est un pays qui n’a jamais levé ! Vois-tu, les
Québécois francophones célèbrent leur fête nationale le 24 juin alors que les
anglophones la célèbrent le 1er juillet…. Le 24 mai, certains fêtent la Reine de
l’Angleterre ( eh oui !) pendant que beaucoup de francophones fêtent Dollard-des-Ormeaux,
un héros de l’histoire francophone.

Fernand Dumont, un de nos grands penseurs, a bien stigmatisé la question dans "La
confédération canadienne ou l’histoire d’un échec" :

"On célèbre ses origines fondatrices dans l’émancipation des Cantons suisses,
la Grande Charte britannique, la Déclaration d’indépendance américaine, la Révolution
française, la Révolution belge de 1830…

"Or, rien de pareil au début de la Confédération. Les Pères ont refusé de
tenir une consultation populaire : celle-ci aurait été, en la circonstance, non pas
seulement le recours à un mécanisme démocratique, mais un acte fondateur analogue à
ceux qu’ont connus d’autres communautés politiques. On s’est rabattu sur le vote des
députés. Un excellent historien, Jean-Paul Bernard, a calculé que, parmi les 49
représentants des comtés francophones qui prennent part au vote, 25 disent oui et 24
disent non au projet de confédération". (Les Rouges. Libéralisme, nationalisme et
anticléricalisme au milieu du XIXe siècle).

Alors ici, au Canada et au Québec, on ne s’entend pas ! Certains disent que la
Confédération canadienne (qui en fait est une fédération), fondée en 1867, ce fut
l’affaire de 2 peuples égaux…. et d’autres disent que non ! D’où il y a 2
enseignements de l’Histoire au Canada.

Il existe au Canada anglais certains "historiens" ou sociologues ouverts au
Québec : Les John Frederick Conway, Ronald Wright, Daniel Francis, Jack Granatstein..
.mais ils se font fustiger sur la place publique comme des anti-national-unity !!!

Voici ce qu’écrit l’un d’eux, l’historien anglophone Daniel Francis de Vancouver, dans
son livre "National Dreams".

"En consultant un manuel des années 50 et 60 très répandu lorsque j’étais
écolier (Our Canada, d’Arthur Dorland), on apprend que les Indiens étaient d’origine
chinoise, cannibales pour la plus part; que la Nouvelle-France vivait sous le despotisme;
que le Commonwealth est une des plus grande réalisation de l’humanité, etc. Des
théories, des opinions ou carrément des faussetés. L’histoire du Canada qu’on m’a
enseigné était donc frauduleuse." (…)

"Mais les gens de ma génération, qui sont aujourd’hui aux commandes de la
société, ont appris à connaître le Québec dans les vieux manuels.

Si vous lisez Diane Francis, rédactrice en chef du Financial Post, un auteur très
influent de la droite canadienne, vous constaterez que l’infantilisation du Québec
conditionne l’idée qu’elle se fait du séparatisme. Pour elle, il s’agit d’une
conspiration criminelle, dirigée par une poignée d’individus. Elle ne peut admettre que
les Québécois puissent se faire eux-mêmes une idée et devenir indépendants sans avoir
été manipulés." Elle, tout comme les millions de Canadiens anglais endoctrinés,
seront les derniers à réaliser qu’ils sont les manipulés".

Dans la Revue L’Actualité du 01-11-98, ce même Francis, analyse le stéréotype du
Canadien français tel qu’il le décrit dans son volume : "National
Dreams"…."Les Québécois ces bons sauvages",
tel est le titre de l’article.

"Chez les anglophones, la Conquête a été présentée-ET EST TOUJOURS
PERçUE-comme une libération pour les Canadiens français. Dans les manuels d’histoire du
Canada anglais, on présente le stéréotype suivant du Canadien français : celui d’un
enfant, insouciant, sympathique et bon vivant, mais immature sur le plan politique et à
qui les Britanniques ont apporté la démocratie. Ces mythes se retrouvent aujourd’hui
dans le débat constitutionnel. "Combien de fois ai-je entendu des anglophones dire
dans les discussions sur l’unité canadienne : "Ils devraient nous remercier de ce
que nous avons fait pour eux" !

"Infantilisation" des Québécois…. Les Canadiens
anglais ne pouvaient jouir du pouvoir sans faire des compromis avec les Canadiens
français. Mais, si le pragmatisme commandait de partager le pouvoir avec eux, on pouvait
néanmoins les diminuer culturellement. DEVENIR CONDESCENDANT ENVERS L’AUTRE EST UNE
ATTITUDE ASSEZ TYPIQUE DE CELUI QUI SE TROUVE EN POSITION DE FORCE DANS UN
PARTENARIAT…et c’est cette infériorisation des francophones qui a permis aux
anglophones de justifier leur projet de reproduire la société britannique en Amérique
du Nord. "C’est ce qu’on appelle le "récit dominant" de l’histoire
canadienne : on a étendu la civilisation britannique au Nouveau Monde et aux colonies,
l’imposant aux peuples autochtones et aux Canadiens français sans se demander ce qu’ils
pensaient de leur propre culture"…..

Pierre Grandchamp http://pages.citenet.net/users/ctmx5332/


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