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DÉFENSE DE LA LANGUE FRANÇAISE

DéFENSE DE LA LANGUE FRANçAISE
Fondée par Paul Camus (=) en 1958
Président : Jean Dutourd, de l’Académie française

Paris, le 24 juillet 1998

DLF/MD98146

Objet : Discrimination pratiquée dans les institutions européennes à l’encontre de
la langue française

Madame, Monsieur le Parlementaire,

Notre association a été récemment saisie d’un dossier impressionnant relatif à la
politique linguistique pratiquée au sein de l’Union Européenne.

Par les nombreux exemples de textes du J.O.C.E. rédigés uniquement en anglais, de
lettres ou documents émanant de la Commission, non traduits ou mal traduits de cette
langue, d’appels d’offres unilingues, de lettres et rapports envoyés en anglais de
l’Union Européenne aux pays tiers, de pages entières d’information diffusées par
Internet exclusivement en anglais, on recueille l’impression d’une dérive concertée vers
cette langue allant jusqu’à un sabordage systématique du français.

Ces errements mettent en cause aussi bien l’attitude de fonctionnaires français que
celle de fonctionnaires européens de Bruxelles. Qu’elle soit le fait d’anglophones
n’étonnera personne. Mais qu’elle soit adoptée par certains de nos concitoyens, et non
des moindres, révèle l’ampleur du mal et les dangers qu’il comporte pour l’avenir de
notre langue.

Sans remonter au temps où l’Académie de Berlin déclarait en 1783 le français
«langue universelle », beaucoup de responsables de notre pays devraient garder en
mémoire la situation des années 1950 à 1970 où toutes les négociations de l’Europe en
gestation se faisaient en langue française, encore reconnue comme représentative par
excellence d’une certaine communauté d’esprit européenne ressentie de longue date.

Malheureusement cette position entraînait chez beaucoup de Français une ignorance
fâcheuse des langues étrangères. Y remédier par une saine diversification n’aurait pu
que favoriser aussi bien les actions et rapports quotidiens que la connaissance mutuelle
de notre civilisation. Au contraire, en consentant, voire en prêtant la main à un
effacement délibéré du français dans les relations de la France avec ses partenaires
et de l’Union Européenne avec l’extérieur, les responsables d’aujourd’hui succombent à
la même paresse d’esprit que celle qui, hier, fermait certains d’entre eux à leurs
voisins.

Ils agissent comme si l’ouverture au monde passait par une seule langue, celle de la
grammaire la plus rudimentaire. Mais en frayant la voie de l’hégémonie mondiale à une
langue qui n’est plus l’anglais, mais l’anglo-américain, ils portent un coup sévère à
toute la communauté francophone et tendent à confiner à terme le français dans le
rôle de simple idiome régional. Cette perspective est-elle compatible avec les
rodomontades quotidiennement assénées sur la place occupée par notre pays dans le monde
?

Confiants que vous partagerez notre préoccupation avec le plus grand nombre de vos
collègues et vous assurant d’avance de notre gratitude pour vos interventions,

Nous vous prions, Madame, Monsieur le Parlementaire, d’agréer l’expression de notre
considération distinguée.

Le président, Jean Dutourd
de l’Académie française

Défense de la langue française : 8 rue Roquépine, Paris 75008,
tél. : 01 42 08 87, télécopie : 01 46 06 04 46, mél :
dlf@club-internet.fr
Association agréée par arrêté du 27 mai 1998


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