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COUP D’OEIL SUR LA SANTÉ

COUP D’OEIL SUR LA
SANTé

(Extraits du bulletin Coup
d’oeil
sur la santé
publié par la Direction de la santé
publique en Outaouais
)

Pauvreté et mortalité prématurée en
Outaouais urbain : une étude originale !

Ce document «présente quelques faits
saillants du rapport de recherche publié en novembre 1996 par la
Direction de la santé publique de l’Outaouais, rapport
intitulé Variations de la mortalité en relation avec le
taux de pauvreté des quartiers en Outaouais urbain et dans le
Québec urbain.»

Au point de départ, une
contradiction…

«L’Outaouais urbain tel que nous
l’entendons est constitué des villes de Hull, Gatineau, Aylmer
et leur périphérie immédiate. C’est une des zones urbaines les
plus riches du Québec, même si cet avantage va en s’amenuisant,
notamment avec les mises à pied des dernières années dans la
fonction publique fédérale. Au recensement de 1986, l’Outaouais
urbain se classait bon premier pour le revenu familial moyen,
loin devant les villes de Montréal, Québec, Sherbrooke,
Trois-Rivières et Chicoutimi-Jonquière.»

«Selon toute la littérature disponible,
cette relative santé économique de l’Outaouais urbain devrait
conférer à sa population une meilleure espérance de vie et un
état de santé physique et mentale exceptionnel. Or, ce n’est
pas le cas. Depuis au moins 25 ans, soit depuis que nous avons
des données fiables sur les décès, la zone urbaine de
l’Outaouais présente des taux de mortalité nettement plus
élevés que l’ensemble du Québec. De même, dans l’enquête
Santé Québec de 1987, le profil de la région de l’Outaouais
était un des pires, sinon le pire, de toutes les régions
socio-sanitaires. La situation s’est améliorée dans l’enquête
de 1992-1993, mais l’Outaouais reste une région où l’excès de
poids et l’usage de la cigarette, par exemple, sont plus
répandus qu’ailleurs au Québec.»

«Pourquoi la richesse de l’Outaouais
urbain n’agit-elle pas, comme partout ailleurs dans le monde,
comme un facteur favorisant la santé? Plusieurs hypothèses ont
été formulées au cours des années, mais aucune ne s’est
révélée satisfaisante. De facto, il faut cependant réaliser
que l’Outaouais urbain, ville-soeur de la riche capitale
nationale, se trouve dans une situation géographique
particulière, unique au Canada. Que cette situation influe sur
les déterminants de la santé, notamment économiques, culturels
et psycho-sociaux, ne devrait pas nous surprendre. Curieusement,
cette piste de recherche reste à peu près inexplorée, bien que
la littérature identifie ces déterminants comme étant très
importants, plus importants même que l’ensemble du système de
santé curatif…»

Riche ou pauvre ?

«Notre étude permet d’arriver à un
premier constat, purement économique: l’Outaouais urbain est
relativement riche lorsqu’on le compare aux autres
agglomérations urbaines (RMR) du Québec, mais il est pauvre en
comparaison avec Ottawa et sa banlieue ontarienne. Dans la
tranche de population qui regroupe 20% des ménages les plus
riches des 6 plus grandes agglomérations urbaines du Québec, on
retrouve 26% de la population de l’Outaouais urbain. Dans la
tranche de 20% la plus pauvre, on retrouve seulement 12% de la
population de l’Outaouais urbain.»

«Inversement, lorsqu’on considère
Hull-Gatineau-Aylmer et la périphérie immédiate comme une
composante de la grande agglomération urbaine de la capitale
nationale, l’Outaouais urbain apparaît globalement comme un
secteur défavorisé. Il ne compte plus que 7% de sa population
dans la tranche de 20% des ménages les plus riches. La tranche
suivante contient elle aussi 7% de sa population, alors qu’à
l’autre extrême on retrouve 60% de la population de l’Outaouais
urbain confinée dans les deux tranches les plus pauvres de la
RMR de la capitale nationale.»

«Ce constat est très important, puisque
plusieurs auteurs ont démontré qu’au-delà d’un certain seuil
de revenu (correspondant à peu près au revenu per capita de la
Grèce), c’est le revenu relatif moyen d’un quartier (et
par extension d’un individu ou d’une famille) au sein d’une
agglomération urbaine qui prédit le mieux le risque moyen de
décéder prématurément. Or le risque de décéder
prématurément est étroitement corrélé avec plusieurs mesures
de l’état de santé physique et mentale, ainsi qu’avec des
mesures de besoins utilisées couramment en planification de la
santé.»

«Le revenu relatif, par opposition au
revenu absolu exprimé simplement en dollars, mesure
mieux le status social, lui-même relié à la notion de pouvoir.
Cette notion, particulièrement le
pouvoir de décider de son avenir
ou le
sentiment de contrôle sur sa vie
, est
intimement liée à l’état de santé. Ce facteur protecteur fait
cruellement défaut chez les pauvres et son absence semble
potentialiser l’effet des facteurs de risque connus. Par
extension, il est permis de se demander si l’Outaouais urbain,
collectivement,
possède les outils nécessaires pour contrôler son avenir et
orchestrer son développement à l’intérieur de l’espace
économique ambigu qui est le sien.
»

La mortalité par catégories de
revenu

«Le taux de décès de la population de
l’Outaouais urbain dépassait de 10% le taux moyen de l’ensemble
des 6 plus grandes villes du Québec durant la période
1984-1988.»

(….)

Quels sont ces quartiers les plus
pauvres de l’Outaouais urbain?

«Les gens originaires de l’Outaouais ou
qui connaissent bien sa zone urbaine peuvent facilement les
identifier. Ce sont les quartiers les plus anciens, soit ceux de
l’Île-de-Hull-Wrightville et leur périphérie, de
Pointe-Gatineau, du vieux secteur de Gatineau, du vieux secteur
d’Aylmer et de Deschènes. Les secteurs les plus favorisés se
retrouvent à Lucerne, dans le secteur «urbain» de Chelsea et
dans le secteur Côte-d’Azur-Touraine-Limbourg-Montluc.»

Conclusions

«Globalement, l’Outaouais urbain est un
secteur relativement pauvre au sein de l’agglomération urbaine
de la capitale nationale. Cette pauvreté relative est associée,
selon la littérature, à des indicateurs de santé moins
favorables.»

«L’écart entre le taux de mortalité des
hommes riches et des hommes pauvres est beaucoup plus élevé en
Outaouais urbain que dans l’ensemble des grandes villes du
Québec. Il témoigne d’un mauvais état de santé général chez
les hommes des milieux défavorisés dans la région.»

«La lutte contre la pauvreté est une
stratégie à privilégier pour améliorer l’état de santé de
la population de l’Outaouais. Par ailleurs, son application
relève largement d’acteurs situés à l’extérieur du système
de santé.»

Coup d’Oeil sur la santé
Janvier 1997
Numéro 13


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