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APPUI À RADIO

APPUI à RADIO-CANADA

Déclaration solennelle d’appui au maintien du mandat de Radio-Canada par les
présidents de la CSN

Marc Laviolette, président en titre de la CSN
Gérald Larose, ex-président de la CSN (1983-1999)
Norbert Rodrigue, ex-président de la CSN (1976-1982)
Marcel Pepin, ex-président de la CSN (1965-1976)

Devant l’ampleur des critiques et des attaques dont fait l’objet la Société
Radio-Canada, au moment des audiences pour le renouvellement de ses licences, nous tenons
à affirmer la nécessité de maintenir le mandat et le rôle de la radio et de la
télévision publiques.

Radio-Canada doit demeurer un joueur de premier plan en conservant une programmation
généraliste et populaire. Nous nous opposons à ce qu’on confine ce fleuron de notre
industrie de la radiodiffusion à un rôle marginal, comme le demande avec insistance
l’entreprise privée, sous prétexte que son mandat n’est de voir qu’à la promotion de la
culture et de l’identité canadiennes.

à ces opposants au maintien de la place de la Société Radio-Canada comme pivot de
notre univers de la radiodiffusion, nous disons qu’une programmation ne reflète plus la
culture et l’identité d’une société lorsqu’elle n’attire que de petits auditoires. Nous
croyons de surcroît que le CRTC, dans son avis d’audience publique pour le renouvellement
des licences de Radio-Canada, voit juste. Dans "un marché plus fragmenté et plus
concurrentiel", ainsi qu’il le spécifie lui-même, "un radiodiffuseur public
national canadien fort est indispensable".

Nous dénonçons non seulement la remise en question du rôle majeur dévolu à la SRC,
mais aussi la charge à fond de train amorcée d’abord, par le gouvernement fédéral,
puis reprise par l’industrie privée, en vue de l’affaiblir par un sous financement.

Au cours des cinq dernières années, la société d’état a vu ses crédits
budgétaires baisser de 425 millions de dollars, soit de 38 pour cent. Une coupe deux à
trois fois plus élevée que celle subie par les autres ministères fédéraux et ce,
particulièrement au profit de Téléfilm Canada, qui n’a pourtant pas de compte à rendre
au CRTC. à leur tour, les entreprises concurrentes veulent maintenant priver Radio-Canada
de revenus publicitaires. Elles prétendent que le nombre croissant de canaux et de
radiodiffuseurs réduit la part de l’assiette publicitaire dévolue à chacun d’eux.

Nous soutenons au contraire qu’en plus de leurs revenus publicitaires, les
radiodiffuseurs privés jouissent grassement actuellement d’un financement public, grâce
à Téléfilm Canada et aux crédits d’impôt dont ils bénéficient. Nous tenons donc à
affirmer que Radio-Canada doit jouir des mêmes avantages pour une saine concurrence, ce
qui équivaut à lui assurer un financement soutenu en fonds publics et en revenus
publicitaires.

Nous affirmons aussi qu’il est impératif d’assurer l’indépendance de
Radio-Canada face au pouvoir politique. Les pressions politiques dont elle est victime
amenuisent grandement la nécessaire distance critique qui doit exister entre un
gouvernement et un radiodiffuseur public.

En ce moment crucial où se joue l’avenir de cette société d’état, nous sommes en
outre inquiets de constater que seul un conseiller sur les six, qui siègent aux
présentes audiences et à qui reviendra la décision finale sur l’avenir de la Société
Radio-Canada, soit de culture et de langue françaises. Or, nous souhaitons vivement que
Radio-Canada redevienne un creuset pour l’innovation, l’expérimentation et le
développement de nouveaux talents et retrouve ses prérogatives de producteur francophone
dans le monde de la radiodiffusion en pleine mutation.

Nous considérons en effet que la créativité et l’esprit innovateur de la Société
Radio-Canada ont été le garant du relèvement de la qualité des productions
francophones. On lui doit aussi d’avoir joué un rôle prépondérant pour la recherche et
l’obtention de larges auditoires francophones à des téléséries et des émissions
propres à notre culture. Nous lui devons, de surcroît, d’avoir formé des générations
d’artisans de talent dont toute l’industrie a profité.

Nous croyons que cet héritage demeure vivant et est un garant pour l’avenir.

Nous demandons conséquemment que la Société Radio-Canada reste un chef de file et
une pépinière d’idées et de créateurs. Il lui faut pour cela pouvoir offrir une
programmation variée qui renseigne, éclaire et divertit de larges auditoires et elle
doit avoir la lattitude d’investir d’autres champs. Nous déplorons à ce dernier
chapître que le CRTC ne lui ait pas accordé les trois licences demandées pour des
canaux spécialisés dans les domaines des arts, de l’histoire et de l’économie.

Nous osons prétendre avec fierté qu’une Société Radio-Canada forte est un atout
pour l’affirmation de notre identité et de la culture française en Amérique du Nord et
pour l’essor de l’industrie de la radiodiffusion francophone.

CSN
http://www.csn.qc.ca

(Le 6 juin 1999)


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