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APPEL AUX CITOYENNES ET CITOYENS DU QUÉBEC

APPEL AUX CITOYENNES ET CITOYENS DU QUéBEC

Le français reste en danger au
Québec, en particulier à Montréal , malgré certains progrès enregistrés dans le
dernier quart de siècle. Amputée de plusieurs de ses éléments essentiels, notamment
par les tribunaux fédéraux, la Charte de la langue française n’est plus le gage de
sauvegarde qu’elle a déjà été. Il y a urgence d’agir.

Le gouvernement du Québec a pris une initiative qui
peut avoir des conséquences majeures en conviant la population à un vaste débat sur
l’état et l’avenir de notre langue. La réflexion qui s’impose devra être
conduite avec toute la rigueur que commande la complexité de la situation. Un peuple dont
le sort restera toujours précaire sur le continent nord-américain en raison de son poids
démographique et de son environnement linguistique ne peut se permettre aucun laxisme à
l’égard de la caractéristique fondamentale de son identité.

Sans la langue française, le Québec n’a plus
d’identité propre ni de raison de chercher l’émancipation. C’est par sa
langue qu’il existe et c’est à travers elle qu’il s’épanouira.
Depuis quatre siècles notre peuple s’acharne à durer et à se réinventer dans les
mots de l’héritage et de la création. Les principes énoncés dans la Charte de la
langue française telle qu’elle a été adoptée par l’Assemblée nationale du
Québec en 1977, constituent l’aboutissement d’un long combat. Même si leur
légalité est contestée et sapée par un ordre constitutionnel auquel l’Assemblée
nationale du Québec n’a jamais souscrit, leur légitimité est acquise . La Charte a
été fondatrice. Elle doit être sans cesse réaffirmée. Jamais elle ne devrait être
remise en cause par quelque commission que ce soit.

Nous, soussignés, lançons un appel pressant aux
citoyens et citoyennes du Québec pour les inciter à participer aux débats et à
la consultation avec la claire détermination de placer le français au cœur
d’un projet de civilisation original. L’acharnement des adversaires de la Charte
à la combattre, à la dénoncer, à tenter de la diluer ne doit en rien nous
impressionner mais renforcer notre volonté non seulement de la préserver mais aussi et
surtout de la consolider devant la montée de nouveaux périls. Il n’y a rien de
déshonorant à prendre appui sur un acquis législatif construit par une majorité
légitime.

Un peuple ne bâtit son avenir que dans le
prolongement de gestes fondateurs. La vitalité de la langue française au Québec tient
essentiellement à la vigueur des engagements dans lesquels individus et communautés
souscrivent à leur devoir de mémoire et de continuité. La responsabilité première des
gouvernants leur en impose le devoir et leur fait obligation de conforter la confiance en
soi et dans les institutions nées de la longue persévérance. Les adversaires de la
Charte sont les artisans de notre marginalisation. Ils n’ont jamais accepté de nous
traiter autrement qu’en minoritaires. Les attaques contre les principes qui fondent
la Charte visent en réalité la représentation de nous-mêmes. Jamais plus les
Québécois ne se verront comme des minoritaires.

Il faut distinguer l’essentiel du contingent.
C’est une chose d’affirmer les principes indispensables pour assurer la
pérennité du français et la dignité de ceux et celles qui le parlent. C’en est
une autre de définir les modalités concrètes selon lesquelles s’incarne la
volonté du peuple québécois d’affirmer sa présence au monde. Aussi bien dans
l’organisation des affaires de la cité que dans la transformation des rapports avec
le monde, le français est porteur et fondement de nos liens avec les réalités
changeantes de la technique, de l’économie et de la culture. Avant d’être un
rempart contre l’uniformité, il est un tremplin pour aborder et partager
l’aventure des peuples.

Le combat du Québec pour la reconnaissance et
l’épanouissement de sa langue a donné des fruits dont nous pouvons être fiers. Les
principes qui sous-tendent notre lutte aussi bien que les moyens concrets mis au point
pour les traduire dans des politiques efficaces et respectueuses des minorités
historiques sont devenus des exemples et des modèles en maints endroits du monde. Nous
avons le devoir envers nous-mêmes d’abord, mais aussi envers tous ceux et celles que
nos réalisations inspirent, de persévérer dans l’invention des voies de
l’avenir.

à l’heure où de nombreux
peuples puisent dans la Charte québécoise de la langue française des moyens de vivre
leur différence; au moment où les transformations de notre société nous amènent à
conjuguer autrement les moyens dont nous disposons alors que des défis inédits nous font
l’obligation d’inventer de nouveaux outils, nous invitons nos concitoyens et
concitoyennes à demander avec insistance aux membres de la Commission des états
généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec ainsi
qu’au gouvernement du Québec :

  1. de tout mettre en oeuvre pour assurer la pérennité du français comme langue
    commune de la société québécoise;
  2. de revenir à l’esprit originel de la
    Charte de la langue française et de poser d’entrée de jeu la nécessité de la
    renforcer, notamment aux chapitres de la langue de travail et de la langue
    d’enseignement. La Charte doit constituer la pierre d’assise sur laquelle
    reposeront les travaux de la Commission;
  3. de faire de la Charte la clé de
    l’analyse et de l’interprétation pour l’examen de la situation du
    français au Québec ;
  4. de dégager et d’appliquer les conclusions de
    la consultation de manière à faire adopter par l’Assemblée nationale du Québec,
    avant les prochaines élections, les mesures législatives et budgétaires qui
    s’imposeront.

L’avenir du français au
Québec se forgera dans la dignité grâce à la détermination et à la clairvoyance des
citoyens et citoyennes convaincus de ne devoir leur héritage qu’à une
persévérance qui leur a permis de s’arracher à la culpabilité d’exister.

Par le présent appel nous
invitons chacun et chacune à refaire, au cours des prochains mois, les parcours où les
générations qui nous ont précédés ont posé des repères essentiels. C’est notre
langue qui nourrit nos rêves et inspire nos luttes. C’est en recherchant pour elle
les exigences de statut et de qualité les plus élevées que nous vivrons ensemble dans
une société de langue française, fondement de notre identité nationale.

Ont signé à Montréal,le vingt-quatre
août deux mille, jour anniversair
e de naissance de René Lévesque
(1924)

Hélène Pelletier-Baillargeon, Fernand Daoust,
Robert Laplante, Louis Larochelle,

Jean-Marc Léger, Yves
Michaud, Jacques-Yvan Morin, André Payette, André Reny.

Les lecteurs qui souhaitent
assurer une plus large diffusion du présent appel

sont priés de téléphoner au (514)
845-8533
ou par courriel ;

revue@action-nationale.qc.ca

Renseignements: Yves Michaud ( 514) 487-1849


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