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UNE ÉTRANGE EXPRESSION : « MOURIR DANS LA DIGNITÉ »

Sans doute ne s’agit-il pas du français, mais pour parler français ne faut-il pas commencer par vivre! –

On n’y pense guère tant il est plus facile de répéter une expression toute faite que de réfléchir à son sens. Il s’agit d’une périphrase synonyme de suicide assisté ou d’auto-euthanasie, mais l’expression contient aussi un jugement moral qui ne va pas de soi et qui ouvre la porte à des débats infinis. Sans préjuger de la complexité de la question, ni de la compassion due aux grands malades, il faudrait donc comprendre que mourir au terme naturel de sa vie, quel qu’il soit, serait une indignité et que seul le suicide peut être qualifié de fin véritablement humaine.

Il faut exclure de la question toute mort causée par une médecine de confort extrême, tout ce qui relève de l’acharnement thérapeutique. Non, il s’agit de la mort volontairement devancée à quelques pas de la conclusion de sa vie. Pascal disait que tous les hommes recherchent le bonheur, même ceux qui vont se pendre. Si étrange que cela puisse paraître, les suicidés volontaires cherchent un bonheur dans l’illusion d’échapper à la  mort naturelle par le fait de la changer en un acte volontaire. Il y avait dans le suicide antique, celui des Romains par exemple, une certaine grandeur parce que le condamné se soustrayait à la sentence d’un tyran ou mieux avait le choix de l’exécuter lui-même. Toutefois, on ne relève pas de cas exemplaire où un Romain se serait donné la mort pour échapper à la souffrance ou à l’idée de la souffrance à venir.

Le christianisme a passé sur la  morale antique et le suicide est devenu, chez Augustin et Thomas d’Aquin par exemple,  le refus de la souveraineté de Dieu sur la vie et une atteinte à la charité due au prochain. On peut traduire cela en termes modernes. De fait, toute forme de suicide relève de l’athéisme en écartant la considération de Dieu et porte atteinte à la dignité de la vie en la déconsidérant par la fuite et le refus de son intégralité. Oui, le suicide affaiblit les raisons de vivre et compromet l’espérance humaine.

Hubert Larocque, Gatineau.

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