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COUILLARD SERAIT-IL LE MESSIE D’UN RENOUVEAU?

Toute chose évolue, mais, en même temps, elle le fait en suivant sa nature et sa tradition. Elle peut s’atténuer, se métisser, s’enrichir ou se trahir. On ne peut accuser Philippe Couillard de subvertir le fédéralisme, et surtout pas de le  reformuler en tenant compte de l’histoire vécue depuis la Révolution tranquille. Tout au contraire, on a l’impression d’un retour à un état antérieur à 1960, même si le vocabulaire a légèrement varié. L’ « identité canadienne » est devenue selon sa rhétorique la « citoyenneté canadienne ». Dans le discours de samedi dernier qu’il adressait au Conseil général de son parti, Couillard tente de traduire la manière de concilier l’identité québécoise avec la citoyenneté canadienne. La première serait « notre cœur », la seconde « nos bras ». Nous serions donc une sorte de  monstre composé de deux parties contradictoires : d’une part un Québec qui serait « notre patrie » et de l’autre un Canada considéré comme « notre pays ». Une composante affective, sentimentale, sans assise concrète définie, et une autre qui couvrirait toute la réalité, toutes les valeurs et la défense exclusive des « libertés individuelles  ».

Tout ceci serait bien noble si l’on ne comprenait, à la lumière de l’histoire récente, que les « libertés individuelles », ce sont les dispositions légales de la Constitution de 1982 qui permettent de passer par-dessus les lois qui définissent l’identité du Québec et de vivre au Québec comme si on n’avait pas quitté son pays d’origine. De plus, M. Couillard reconduit ce préjugé partisan que l’affirmation québécoise et le maintien de notre identité nationale s’opposeraient à l’inclusion et à la tolérance. Seules la juxtaposition et l’égalité multiculturelles permettraient celles-ci et en seraient la garantie. Enfin, pour M. Couillard, la question nationale se ramène au choix entre une indépendance nécessairement dépassée par l’histoire et la « citoyenneté canadienne » qui, seule, serait en phase avec les attentes et les idéaux d’une modernité coïncidant avec la mondialisation.

Malheureusement, ce beau discours nous ramène loin en arrière. Il fait l’impasse sur des événements très graves survenus depuis quarante ans, et demeurés sans aveux et sans réparations: la Loi sur les mesures de guerre, la Constitution de 1982 et sa magouille politico-légale, l’échec du Lac Meech, la Loi sur la « clarté », l’avortement de l’affaire de la « Bataille de Londres », etc.  Oui, ce beau discours de M. Couillard avalise toutes ces pratiques et y consent par le fait de les ignorer et de feindre que, sans rectification, le fédéralisme puisse être encore, pour le Québec, une possibilité digne, libre et épanouissante.

Hubert Larocque, Gatineau.

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