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RENÉ LÉVESQUE : ENTRE INDÉPENDANCE ET « DÉMOCRATIE »

Comme il arrive souvent au Québec, les paroles essentielles passent inaperçues. Dans les jours qui suivirent l’échec de 1980, René Lévesque prononça cet aparté capital que personne ne releva : « C’en est fini de la vieille nationalité française ». Ce fut bien la raison des résultats du référendum. Dès 1980, il n’y avait plus assez de Québécois pour assurer une victoire du « oui », ou du moins l’identité nationale, chez beaucoup, était déjà trop gravement compromise pour que la question posée fût immédiatement comprise et suscitât une adhésion spontanée et nécessaire. Plus tard, on glosa beaucoup sur la prétendue gaffe de Jacques Parizeau, mais, encore là, on évita soigneusement d’aller au fond des choses. On faisait assez peu de cas de « l’argent » dont les commandites et la corruption devaient nous enseigner le pouvoir, on n’avait des « ethnies » qu’une préoccupation très raisonnable, mais personne n’osa dire que le référendum avait été perdu à cause de l’aliénation d’au moins 30% des Québécois qui avaient voté, en accord entier, comme s’ils étaient déjà des Anglos et les « Allos »!   On feignit donc de s’indigner à outrance pour éviter ce que Jacques Parizeau, dans son apparente franchise,  avait omis de dire en transférant le blâme sur des causes réelles, mais secondaires.

C’est ici qu’il faut douter de la grandeur de René Lévesque. Au lieu de s’incliner avec un fatalisme complice devant le « verdict des urnes », il aurait fallu qu’il en marque les causes avec une clarté imparable, qu’il place sans complaisance les Québécois devant la signification et la responsabilité de leur vote.  Comme un grand leader, René Lévesque aurait alors entrepris la tâche de restaurer l’identité nationale et d’en réparer les blessures et l’altération causées par l’intériorisation de la Conquête de 1760. Depuis ce jour, l’indépendance qui fait corps avec l’identité nationale et une «  démocratie » qui la contredit et y renonce s’engagèrent sur des voies opposées. En ce sens, René Lévesque est la figure achevée du Vaincu et il ne faut pas chercher ailleurs les raisons du culte ambigu dont on entoure son souvenir.  

Hubert Larocque, Gatineau.

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