L’obstacle à l’indépendance est double. Il y a certes l’indécision particulière des Québécois, leur incapacité à voir les objectifs fondamentaux et à y accorder leurs choix politiques. Mais il y a surtout ce à quoi l’on devrait penser constamment, à savoir l’opposition toujours vigilante du Canada anglais. Elle ne se manifeste pas ouvertement quand ses agents, présents à l’intérieur même du Québec, vaquent suffisamment à ses intérêts. Mais dans des circonstances nouvelles qui risquent de remettre en question le fédéralisme canadien, Ottawa intervient directement, et par tous les moyens.
Ainsi, dans le passé, il a introduit des grains de sable très efficaces dans la machine référendaire, il a obligé M. Charest à quitter la scène fédérale en désignant ainsi le premier ministre du Québec, il a faussé les lois, corrompu nombre de gens et investi sans vergogne dans toutes sortes de commandites. Ce n’est donc pas le hasard qui, ces jours-ci, a monté un scandale impliquant M. Duceppe, mais une démarche calculée et téléguidée au plus haut niveau. Mme Marois ne fait pas courir au Québec un grand danger d’indépendance mais la venue de Gilles Duceppe risque de redonner vie au Parti québécois et de ranimer l’instinct national dans sa direction naturelle. Voilà pourquoi, du personnel de service, Marc Garneau et Maxime Bernier, a été conscrit et dépêché pour publiciser une prétendue malversation et feindre l’indignation sur la place publique. Il se trouvera malheureusement assez de naïfs et de complices pour les croire.
Hubert Larocque, Gatineau.