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ÉPISCOPAT : ESPRIT DE MINORISATION…

N.B. Il s’agit de la nomination de Mgr Paul-André Durocher qui vient d’être transféré du siège de Cornwall à celui de Gatineau. Le nouvel archevêque est né à Windsor, en Ontario, et a vécu toute sa carrière ecclésiastique en Ontario. Sujet brillant, il aura l’occasion de rester fidèle à l’exiguïté et à l’aliénation de son milieu originel ou bien d’y échapper en assumant la responsabilité nationale que lui propose sa nouvelle fonction.

Le temps n’est plus où l’évêque était un grand seigneur qui donnait à toute une région, au-delà de sa fonction religieuse, une impulsion culturelle, sociale et même économique. En dépit du rôle réduit où une certaine modernité l’a refoulé, l’évêque domine encore le brouhaha des médias  et les aléas du jeu politique.  Il est au cœur d’une institution deux fois millénaire qui a donné à l’Occident  sa figure fondamentale et qui signifie à tous les hommes l’appel d’une dimension qui dépasse un monde limité et  mortel. Au Québec, le catholicisme a joué un rôle fondateur et structurant que l’on ne peut nier sans se couper de la tradition et dont on ne peut se séparer tout à fait, fût-ce dans le déni  et le rejet. Aussi est-il important que tout évêque du Québec  ait conscience du rôle joué par ses prédécesseurs et qu’il trouve en lui les ressources pour le continuer avec les moyens du présent. 

Nul doute que le nouvel  évêque de Gatineau n’ait, sur le plan religieux, la compétence et le parcours qui justifient sa nomination.  On notera toutefois la difficulté pour un franco-ontarien d’entrer complètement dans la sympathie et la sensibilité propres à nos attentes nationales.  Naguère, les seigneurs Joseph Charbonneau (Montréal), Gilles Cazabon (St-Jérôme) et même Adolphe Proulx (Hull) n’ont pas trouvé toujours la consonance juste.

Le danger serait de transporter à Gatineau  l’esprit de minorisation et d’effacement  qui mine  la communauté franco-ontarienne et de pratiquer  un bilinguisme  assimilateur calqué sur  les pratiques fédérales.  Les diocèses devraient respecter les frontières linguistiques. Ne voit-on pas le diocèse d’Ottawa glisser  à l’anglais dans la plus grande passivité de l’opinion, alors que seul un nouveau diocèse français pourrait sauver la chrétienté franco-ontarienne.

Le nouvel évêque devrait donc  dans ses intentions et sa conduite contredire l’ « ontarification » et la fédéralisation croissantes de l’Outaouais québécois et affirmer le caractère français de la région jusqu’à la négligence stratégique de ce qui s’y oppose et le détruit. C’est en redevenant une Église nationale que le catholicisme peut retrouver quelque chose de sa grandeur d’antan. 

Hubert Larocque, Gatineau.

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