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COUR SUPRÊME ET BILINGUISME (2)

Si l’on se situe à l’intérieur du fédéralisme canadien, le bilinguisme occupe une place théorique importante et il importerait qu’il soit au moins respecté pour la forme.  La nomination d’un juge unilingue à la Cour suprême contrevient à l’affiche du régime. Cette décision suscite certes des réactions mais elles se limitent au Québec, et encore.  Le Canada ne dira mot et le juge anglais s’assiéra à la Cour suprême sans que rien n’ébranle le choix commandé par la majorité.

C’est que le bilinguisme est peut-être déjà une chose du passé, tout comme la présence et l’influence du Québec sur la scène fédérale. Quand nous étions une force démographique, le Canada nous ignorait tout simplement, octroyant sur le tard une reconnaissance dérisoire, chèque et monnaie bilingues.  Une seule chose l’a ébranlé et pour bien peu de temps, la menace de l’indépendance. Encore trouva-t-il le moyen de détourner  ses « concessions » de leur sens et de leur portée. Le Québec ne voulait aucunement que les Anglais deviennent bilingues mais que les bureaux du fédéral soient dédoublés de façon à ce que le citoyen du Québec  et du Canada, où le nombre le justifiait, soit servi en français par les siens et dans des services séparés.

En même temps, le fédéral changeait la définition traditionnelle du pays.  Un pays fondé sur deux nations devint un pays multiculturel, ce qui minait la base même de nos revendications.  

Bien sûr, on continuera longtemps de montrer dans la caverne l’ombre du pays singé par le bilinguisme mais  nous n’avons plus le nombre, les bases politiques et surtout le sens intact de notre identité.  Nous avons consenti à trop de défaites pour qu’un juge unilingue ou bilingue y change quelque chose.   Un juge anglais peut fort bien représenter notre fantôme.

Hubert  Larocque, Gatineau.

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