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IKEA EXPULSE LES FRANCOPHONES

Un dimanche après-midi chez Ikea, Ottawa

Le premier dimanche de décembre, particulièrement par temps froid, est souvent propice au magasinage et aux achats. C’est dans cet esprit que je me suis amené au magasin d’Ikea à Ottawa pour voir ce qu’il y avait de nouveau. Alors que je déambulais dans le magasin pour effectuer des achats, je me suis approché d’une préposée pour lui demander en français un renseignement. Je me suis fait répondre par une dénommée Christina non pas par le traditionnel ‘I don’t speak French’ mais par ‘We are in Ottawa Sir, and we dont’ speak French’, le tout sur un ton de ‘speak white’. Ce à quoi j’ai répondu qu’une telle attitude était soit raciste ou imbécile car nous étions après tout dans la capitale du Canada. Elle m’a dit que ce n’était pas parce qu’elle ne parlait pas français qu’elle était imbécile…

Pensant enfin avoir communiqué mon souhait de traiter avec quelqu’un pouvant s’exprimer dans la langue de Molière, je vois arriver un jeune homme (un dénommé Jeremy), grand, les mains dans les poches qui m’a dit ‘What appears to be the problem Sir?’ Je lui ai dit que je souhaitais traiter avec un préposé en français. Prenant conscience qu’il s’agissait de quelqu’un de la sécurité, ce qui ajoutait l’insulte à l’injure, j’ai alors insisté pour voir le gérant du magasin.

Le gérant en devoir (un dénommé Luc) c’est amené quelques instants plus tard. Je lui expliqué la situation. Il s’est excusé à quelques reprises. Je lui demandé pourquoi Ikea refusait d’embaucher des employés qui auraient une connaissance du français ou qui pourraient à tout le moins faire preuve de politesse à l’égard de leur client francophone qui représente au bas mot 40% de la clientèle du magasin. Il m’a dit qu’il était très sensible à cette question étant lui-même francophone. Il est parti pour ensuite revenir pour me dire qu’il s’était entretenu avec la préposée en question et qu’il pouvait corroborer ses propos avec trois témoins. Je m’attendais alors dans la logique d’un client lésé à ce qu’on m’offre une compensation pour le peu d’égard de Ikea pour ses clients francophones. Au contraire, il me demanda alors de quitter le magasin manu militari sous menace de faire venir la police. Stupéfait, j’abandonnai les achats que je comptais faire.

En quittant le magasin, j’ai remercié Dieu que les préposés d’IKEA n’aient pas à leur disposition des ‘Tasers’ pour inciter les Francophones à rentrer dans le rang et à ne pas s’adresser en français dans ce magasin. Heureusement, je n’étais pas un immigrant. Je n’étais pas dans un aéroport géré par Ikea, je parlais la langue, mais je tentais simplement de faire valoir mes droits d’être servi et respecté comme francophone. Cela m’a laissé songeur quant aux politiques de Ikea en matière de dotation, de formation du personnel et de principes en matière de service à la clientèle.

Je pensais que ce genre de situation n’existait plus au Canada depuis longtemps, mais quelle surprise de constaté que cet esprit archaïque que je pensais désuet est toujours bien vivant, encouragé ou toléré par une société comme Ikea, ce qui m’a également laissé songeur quant à son engagement envers la communauté dans laquelle elle évolue. Alors que l’on s’interroge sur les accommodements raisonnables au Québec, j’inviterais mes concitoyens francophones à faire l’expérience IKEA pour vivre une expérience d’une autre époque.

P. Luc Dupont
Gatineau, Québec
pldupont56@hotmail.com

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